mardi 30 décembre 2008

Le Monde Diplomatique (fr) Dossier - Qui sont les anarchistes ? illustré par les oeuvres de l'artiste polynésien Paskua



Date Sun, 28 Dec 2008 17:06:59 +0100 (CET)



Le prochain numéro du « Monde diplomatique » (janvier 2009, en vente en
kiosques : 4,50 euros), contiendra un dossier de cinq pages : « Qui
sont les anarchistes ? », illustré par des oeuvres de Paskua.


Au sommaire de ce dossier :
? « Appellations peu contrôlées », par Jean-Pierre Garnier ;
? « Une indocilité contagieuse », par Claire Auzias ;
? « CNT, les clés de l?énigme espagnole», par Angel Herrerín López ;
? « En Extrême-Orient aussi? », par Cho Se-hyun ;
? « L?infréquentable Pierre-Joseph Proudhon », par Edward Castleton ;
? « Honte au suffrage universel ! », texte inédit de Proudhon.
Ces textes seront disponibles en accès libre sur le site Internet du « Monde
diplomatique » (http://www.monde-diplomatique.fr) début mars 2009.

En revanche, dès les premiers jours de janvier, pourront être lus sur le site
Internet du « Monde diplomatique » (http://www.monde-diplomatique.fr) les textes
suivants :
? « Une tradition révolutionnaire et philosophique », par Daniel Colson ;
? « L?écologie anarchiste d?Elisée Reclus », par Philippe Pelletier.

Premier Festival mondial de la digne rage L’autre politique, celle de la digne rage

Premier Festival mondial de la digne rage

L’autre politique, celle de la digne rage

John Holloway
mardi 30 décembre 2008.

L’autre politique, celle de la digne rage

1. Rage, rage, rage.

Rage comme celle des jeunes en Grèce dans les dernières semaines. Rage face à la violence de la police, rage face aux bas salaires et au manque de chances de s’en sortir.

Rage aujourd’hui face au massacre des Palestiniens par l’armée israélienne à Gaza. Rage face aux cinq ans de tuerie et de destruction en Irak.

Rage, rage ici, tous les jours. Rage face à la répression d’Atenco et aux cent douze ans de prison infligés à Ignacio del Valle. Rage face au viol des compañeras qui luttent pour une vie digne. Rage face à la violence quotidienne de la police. Rage face à la destruction des forêts. Rage face au racisme, rage face au fossé obscène entre les revenus des riches et la misère des pauvres, rage face à l’arrogance des puissants. Rage parce qu’ils sont en train de transformer un pays magnifique en un pays pourri, un pays où vivre, c’est vivre dans la peur.

Rage parce que ce n’est pas seulement le Mexique, mais le monde entier qui pourrit, qu’on est en train de détruire. Rage parce que nous vivons dans un monde fondé sur la négation de l’humanité, la négation de la dignité. Rage parce que la seule façon de survivre est de se vendre. Rage parce que la crise de ce système se traduit par plus de pauvreté, plus de violence, plus de frustration.

2. Rage, rage, rage. La rage brise. La rage brise la victime. Avant l’explosion de rage nous sommes victimes, victimes du système capitaliste. Tout ce que nous pouvons faire en tant que victimes c’est de souffrir, de demander des changements, de formuler des revendications. En tant que victimes, nous avons besoin d’un leader, d’un parti. En tant que victimes nous espérons un changement dans le futur, une révolution dans le futur.

Par le cri de rage nous rompons avec ça, nous disons : « Non, nous ne sommes pas des victimes, nous sommes des humains, ça suffit de vivre comme ça, ça suffit de souffrir ! Nous n’allons plus rien demander à personne, nous n’allons plus formuler de revendications, nous n’allons plus attendre la révolution dans le futur, parce que le futur n’en finit pas d’arriver. Nous allons changer les choses ici et maintenant. »

Rage, digne rage. La rage anticapitaliste est une digne rage, parce qu’elle rompt avec la condition de victime, parce qu’elle porte déjà le désir d’autre chose, d’un monde différent, parce que derrière les cris et les barricades il y a autre chose, la construction d’autres rapports sociaux, la création d’une autre façon de faire, d’une autre façon d’aimer.

3. La rage est le seuil de la dignité. Mais la rage seule n’est pas suffisante parce qu’elle ne crée pas encore les fondations d’un autre monde, qu’elle ne crée pas encore la base pour résister à la réintégration au capitalisme. Elle ouvre la porte à une politique radicalement autre, à une façon de faire radicalement différente, mais le plein développement de la digne rage ne signifie pas seulement le cri de « Non, nous n’acceptons pas, nous ne nous soumettons pas ». C’est aussi le « Nous allons faire autre chose, nous allons vivre d’une manière qui ne colle pas avec le capital. Nous luttons contre le capitalisme non seulement avec des manifestations et des pierres mais aussi (et peut-être surtout) en construisant autre chose. Nous luttons contre le capitalisme en vivant le monde que nous voulons créer. »

Ça suffit ! Ça suffit de vivre comme ça, de créer tous les jours un système qui est en train de nous tuer. Mais derrière le ¡Ya basta ! zapatiste, il y a autre chose, sans lequel le zapatisme n’aurait pas la force qu’il a. Derrière l’urgence du ¡Ya basta ! il y a une autre temporalité, la temporalité du « Marchons, ne courons pas, parce que nous allons très loin ». Le noyau du zapatisme, c’est la construction patiente d’un autre monde, la création ici et maintenant d’autres rapports sociaux. Les communautés zapatistes du Chiapas luttent contre le capitalisme en vivant le monde qu’elles veulent (et que nous voulons) créer. Elles luttent contre le capitalisme en allant au-delà du capitalisme. C’est ça, la digne rage.

Les zapatistes ne sont pas les seuls, évidemment. La digne rage existe partout. Elle existe dans tous les lieux et tous les moments où les gens disent « Non, nous n’allons pas accepter la domination du capital, ou de l’argent, nous allons faire autre chose ». Parfois c’est sur le Non qu’on met l’accent, parfois, c’est sur la construction d’autre chose. Parfois, c’est la rage qui s’exprime le plus clairement, parfois c’est la dignité, mais il importe de reconnaître l’unité, les lignes de continuité entre les deux types de lutte. C’est pourquoi la tolérance, l’antisectarisme doit être l’élément central de n’importe quelle politique de la digne rage. Nous voulons rassembler les deux aspects, la rage et la dignité, et la seule façon de le faire est de respecter les différentes formes de lutte.

4. La dignité n’est pas la dignité des victimes, mais celle des sujets actifs (et des sujettes actives). La politique de la digne rage, c’est-à-dire l’autre politique, est un cheminement qui laisse en arrière la politique des victimes, la politique des revendications, la politique des constantes dénonciations, la politique de leaders, de partis et d’État. La digne rage nous met au centre. Nous, hommes et femmes, créons le monde avec notre créativité, notre activité. C’est nous aussi qui créons le capitalisme qui nous tue : c’est pour cela que nous savons que nous pouvons arrêter de le créer. C’est aussi nous, hommes et femmes, qui créons la crise actuelle du capitalisme, ou plutôt c’est nous qui sommes la crise du capitalisme.

Il est important d’insister là-dessus parce que la crise constitue une menace très sérieuse pour l’autre politique. La crise nous tire vers la vieille politique de la gauche, vers la politique de la victime, la politique des revendications.

Il y a essentiellement deux façons de parler de la crise. La façon la plus évidente est de rejeter la faute sur les capitalistes et le capitalisme. La crise est la démonstration de l’échec du capitalisme. Il nous faut une révolution. Il faut faire la révolution de la façon la plus efficace possible. Et pendant ce temps, nous devons demander plus d’emploi, plus de dépenses sociales, des subventions pour les pauvres et non pour les riches. La compréhension de la crise comme leur crise à eux nous ramène à la politique de la victime, des revendications, de la révolution future.

L’autre façon, c’est de dire que non, ce n’est pas comme ça : c’est nous les responsables de la crise, et ce n’est pas que nous ayons à faire la révolution, car nous sommes déjà en train de la faire, et la crise est l’expression visible du fait que nous sommes en train de la faire. Le capitalisme est un système de domination, de subordination. Et de surcroît, il dépend d’une subordination toujours plus absolue de la vie au travail aliéné. S’il ne parvient pas à imposer cette subordination totale, il entre en crise ouverte.

Nous, hommes et femmes, nous sommes les insubordonnés, nous sommes la crise du capital. La grande crise de 29 a été le résultat de la vague d’insubordination qui s’est exprimée dans la révolution russe. La crise d’aujourd’hui est le résultat des vagues d’insubordination des quarante dernières années. La crise dans les deux cas est une crise masquée, masquée par l’expansion du crédit qui cache le lien entre l’insubordination et ses conséquences et donne à la crise de production l’apparence d’une crise financière. L’expansion du crédit est une sorte de pari sur l’exploitation future du travail, c’est-à-dire sur la subordination future de notre activité, un pari que le capital est en train de perdre. Nous sommes l’insubordination qui est la crise du capital, et nous n’allons pas nous subordonner.

Il vaut mieux assumer notre responsabilité. Ça nous aide à comprendre notre force : nous ne sommes pas les éternels perdants ; notre rébellion, notre insubordination, notre dignité sont en train de secouer le système. La crise du capital est l’expression de la force de notre dignité. Alors il ne faut pas regarder la crise comme l’écroulement du capitalisme, mais comme l’éruption de notre dignité, la naissance d’autre chose, d’autres rapports sociaux, des rapports sociaux fondés sur la dignité, sur la digne rage.

Le défi de l’autre politique est de renforcer ce processus, cette création d’un autre monde. Il ne peut être question de demander plus d’emploi ou plus d’État, parce que ceux-ci signifient le renouvellement de la subordination au capital. Nous ne demandons rien à personne, nous développons plutôt ici et maintenant l’insubordination créative, en étendant le plus que nous le pouvons les moments et les espaces où nous disons : « Nous n’allons pas nous subordonner aux injonctions du capital, nous allons faire autre chose, nous allons encourager l’aide mutuelle, la coopération, la création, contre le capital. » Ce n’est pas facile, ce n’est pas évident, mais c’est la direction dans laquelle il nous faut marcher, explorer. Avec rage, mais avec une rage qui ouvre d’autres perspectives, qui crée d’autres choses, une digne rage.

C’est en (se) posant des questions qu’on avance.

John Holloway

Mexico, Iztapalapa, Lienzo Charro, le 28 décembre 2008.

Traduit par el Viejo.

dimanche 28 décembre 2008

Alerte Crise Systémique Globale - Eté 2009 : Cessation de paiement du gouvernement américain


Alerte Crise Systémique Globale - Eté 2009 : Cessation de paiement du gouvernement américain
- Communiqué public GEAB N°28 (15 octobre 2008) -
15/10/2008


A l’occasion de la parution du GEAB N°28, LEAP/E2020 a décidé de lancer une nouvelle alerte dans le cadre de la crise systémique globale car nos chercheurs estiment qu’à l’été 2009, le gouvernement américain sera en cessation de paiement et ne pourra donc pas rembourser ses créditeurs (détenteurs de Bons du Trésor US, de titres de Fanny Mae et Freddy Mac, etc.). Cette situation de banqueroute aura bien évidemment des conséquences très négatives pour l’ensemble des propriétaires d’actifs libellés en dollars US. Selon notre équipe, la période qui s’ouvrira alors deviendra propice à la mise en place d’un « nouveau Dollar » destiné à remédier brutalement au problème de la cessation de paiement et de la fuite massive de capitaux hors des Etats-Unis. Ce processus découlera des cinq facteurs suivants qui sont analysés plus en détail dans le GEAB N°28 :

1. L’évolution récente, à la hausse, du Dollar US est une conséquence directe et provisoire de la chute des bourses mondiales

2. Le « baptême politique » de l’Euro vient juste d’avoir lieu donnant une alternative « de crise » au Dollar US, en tant que « valeur-refuge » crédible

3. La dette publique américaine s’enfle de manière désormais incontrôlable

4. L’effondrement en cours de l’économie réelle des Etats-Unis empêche toute solution alternative à la cessation de paiement

5. « Forte inflation ou hyper-inflation aux Etats-Unis en 2009 », là est la seule question.

Mais on peut déjà se faire une idée de l’évolution à venir en regardant l’Islande que notre équipe suit à la loupe depuis début 2006. Ce pays constitue en effet un bon exemple de ce qui attend les Etats-Unis, et également le Royaume-Uni. On peut considérer, comme d’ailleurs bon nombre d’Islandais aujourd’hui, que l’effondrement du système financier islandais est venu du fait qu’il était surdimensionné par rapport à la taille de l’économie du pays.

Evolution de l’inflation en Islande 2003-2008 - Source Banque centrale d’Islande

L’Islande s’est en fait prise en matière financière pour le Royaume-Uni [1]. Comme le Royaume-Uni en matière financière s’est lui-même pris pour les Etats-Unis et que les Etats-Unis se sont pris pour la planète entière, il n’est pas inutile de méditer le précédent islandais [2] pour appréhender le cours des évènements des douze prochains mois à Londres et Washington [3].

Nous assistons en effet actuellement à un double phénomène historique :

. d’une part, depuis le mois de Septembre 2008 (comme annoncé dans le GEAB N°22 de Février 2008), l’ensemble de la planète est désormais conscient de l’existence d’une crise systémique globale caractérisée par un effondrement du système financier américain et sa contagion au reste de la planète.

. d’autre part, un nombre croissant d’acteurs mondiaux entreprennent d’agir par eux-mêmes devant l’inefficacité des mesures préconisées ou prises par les Etats-Unis, pourtant centre du système financier mondial depuis des décennies. L’exemple du 1° Sommet de l’Euroland (ou Eurozone), qui s’est tenu Dimanche 12 octobre 2008 et dont les décisions, par leur ampleur (près de 1.700 milliards EUR) et leur nature [4], ont permis un retour de confiance sur les marchés financiers de toute la planète, est à ce titre tout-à-fait exemplaire du « monde d’après-Septembre 2008 ».

Carte des garanties de dépôts bancaires dans l’Union européenne Source AFP - 09/10/2008

Car il y a bien un « monde de l’après-Septembre 2008 ». Pour notre équipe, il est désormais évident que ce mois restera dans les livres d’histoire de l’ensemble de la planète comme celui « datant » le déclenchement de la crise systémique globale ; même s’il ne s’agit en fait que de la phase de « décantation », la dernière des quatre phases de cette crise identifiée dès Juin 2006 par LEAP/E2020 [5]. Comme toujours quand il s’agit de grands ensembles humains, la perception du changement par le plus grand nombre n’intervient que lorsque le changement est en fait déjà bien engagé.

En l’occurrence, Septembre 2008 marque l’explosion majeure du « détonateur financier » de la crise systémique globale. Selon LEAP/E2020, ce second semestre 2008 est en effet le moment où « le monde plonge au cœur de la phase d’impact de la crise systémique globale » [6]. Ce qui veut dire pour nos chercheurs qu’à la fin de ce semestre, le monde entre dans la phase dite de « décantation » de la crise, c’est-à-dire la phase où l’on voit les conséquences du choc se mettre en place. C’est de facto la phase la plus longue de la crise (entre trois et dix ans selon les pays) et celle qui va affecter directement le plus grand nombre de personnes et de pays. C’est l’étape qui va voir également se dégager les composantes des nouveaux équilibres mondiaux dont LEAP/E2020 présente deux premières illustrations graphiques dans ce GEAB N°28 [7].

Ainsi, comme nous l’avons répété à plusieurs reprises depuis 2006, cette crise est beaucoup plus importante, en termes d’impact et de conséquences, que celle de 1929. Historiquement, nous sommes tous les premiers acteurs, témoins et/ou victimes d’une crise qui affecte toute la planète, avec un degré sans précédent d’interdépendance des pays (du fait de la globalisation de ces vingt dernières années) et des personnes (le degré d’urbanisation, et donc de dépendance pour les besoins de base - eau, nourriture, énergie, ... - est aujourd’hui sans précédent dans l’Histoire). Cependant, le précédent des années 1930 et ses terribles conséquences destructrices semblent à nos chercheurs assez présents dans les mémoires collectives pour nous permettre, si les citoyens sont vigilants et les dirigeants lucides, d’éviter un bis repetita conduisant à une (ou des) conflagration(s) majeure(s).

Europe, Russie, Chine, Japon,... constituent sans aucun doute les acteurs collectifs pouvant d’assurer que l’implosion en cours de la puissance dominante de ces dernières décennies, à savoir les Etats-Unis, ne conduise pas la planète dans une catastrophe. En effet, à l’exception de l’URSS de Gorbatchev, les empires ont tendance à tenter vainement d’inverser le cours de l’Histoire quand ils sentent leur puissance s’effondrer. C’est aux puissances partenaires de canaliser pacifiquement le processus, ainsi qu’aux citoyens et élites du pays concerné de faire preuve de lucidité pour affronter la période très pénible qui se prépare.

Evolution des emprûnts des institutions financières US auprès de la Réserve fédérale américaine (08/01/1986 – 09/10/2008) - Source Federal Reserve Bank of St Louis

La « réparation d’urgence » des canaux financiers internationaux, réalisée avant tout par les pays de la zone Euro en ce début de mois d’Octobre 2008 [8], ne doit pas masquer trois faits essentiels :

. cette « réparation d’urgence », nécessaire pour éviter une panique qui menaçait d’engloutir tout le système financier mondial en quelques semaines, ne traite provisoirement qu’un symptôme. Elle ne fait qu’acheter du temps, deux à trois mois maximum, car la récession globale et l’effondrement de l’économie américaine (le tableau ci-dessus montre ainsi la vertigineuse croissance des fonds prêtés aux banques américaines par la Réserve fédérale) vont s’accélérer et créer de nouvelles tensions économiques, sociales et politiques qu’il faut traiter par anticipation dès le mois prochain (une fois les « paquets financiers » mis en oeuvre)

. même s’il était absolument nécessaire de remettre en marche le système de crédit, les gigantesques moyens financiers consacrés sur toute la planète aux « réparations d’urgence » du système financier mondial seront autant de moyens qui ne pourront pas être mis à disposition de l’économie réelle dans les mois à venir pour faire face à la récession globale

. la « réparation d’urgence » constitue une marginalisation, et donc un affaiblissement supplémentaire des Etats-Unis, puisqu’elle met en place des processus contraires à ceux prônés par Washington pour les 700 Milliards USD du TARP de Hank Paulson et Ben Bernanke : une recapitalisation des banques par les gouvernements (décision qu’Hank Paulson est obligé de suivre maintenant) et une garantie des prêts interbancaires (en fait les gouvernements de l’Euroland se substituent aux assureurs de crédits, une industrie au cœur de la finance mondiale et essentiellement américaine depuis des décennies). Ces évolutions détournent toujours plus de relais décisionnels et de flux financiers hors de l’orbite américaine à un moment où l’économie des Etats-Unis et l’explosion de leur dette publique [9] et privée en auraient plus que jamais besoin ; sans même parler des retraites qui s’envolent en fumée [10].

Le dernier point illustre comment, dans les mois à venir, les solutions à la crise et ses différentes séquences (financière, économique, sociale et politique) vont diverger de plus en plus : ce qui est bon pour le reste du monde ne le sera pas pour les Etats-Unis [11] et désormais, Euroland en tête, le reste du monde semble déterminer à faire ses propres choix.

Le choc brutal que générera la cessation de paiement des Etats-Unis à l’été 2009 est en partie une conséquence de ce découplage décisionnel des grandes économies du monde par rapport aux Etats-Unis. Il est prévisible et peut être amorti si l’ensemble des acteurs commencent dès maintenant à l’anticiper ; c’est d’ailleurs l’un des thèmes développés dans ce GEAB N°28. LEAP/E2020 espère seulement que le choc de Septembre 2008 aura « éduqué » les responsables politiques, économiques et financiers de la planète afin qu’ils comprennent qu’on agit mieux par anticipation que dans l’urgence. Il serait dommage que l’Euroland, l’Asie et les pays producteurs de pétrole, tout comme les citoyens américains d’ailleurs, découvrent brutalement au cours de l’été 2009, à la faveur d’un week-end prolongé ou d’une fermeture administrative des banques et bourses pour plusieurs jours sur le territoire américain, que leurs Bons du Trésor US et leurs Dollars US ne valent plus que 10% de leur valeur car un « nouveau Dollar » vient d’être instauré [12].


[1] L’Islande a adopté depuis plus de 10 ans tous les principes de dérégulation et de financiarisation de l’économie qui ont été développés et mis en œuvre aux Etats-Unis et au Royaume-Uni. Reykjavik était devenu une sorte de « Mini-Me » financier de Londres et Washington, pour reprendre le personnage du film très britannico-américain Austin Powers. Et les trois pays ont entrepris de jouer financièrement à « la grenouille qui veut se faire aussi grosse que le boeuf », pour reprendre la fable de Jean de la Fontaine dont la fin est fatale à la grenouille.

[2] Ainsi la bourse islandaise s’est effondrée de 76% après avoir été fermée quelques jours pour « éviter » la panique ! Source : MarketWatch, 14/10/2008

[3] A ce titre, attardons-nous sur le montant du « paquet financier » annoncé par Londres, soit 640 milliards EUR dont 64 milliards EUR pour recapitaliser les banques et 320 milliards EUR pour renflouer les dettes à moyen terme de ces mêmes banques (source : Financial Times, 09/10/2008). Avec une économie en chute libre à l ’image du marché immobilier, une inflation galopante, des retraites par capitalisation qui s’évanouissent en fumée, et une monnaie au plus bas, à part accroître la dette publique et affaiblir encore plus la Livre, on voit mal comment cela peut « sauver » des banques déjà très mal en point. A la différence des banques des pays de la plupart de la zone Euro, le système financier britannique, comme son homologue américain, est au cœur de la crise, et non pas une victime collatérale. Et Gordon Brown peut bien jouer à Churchill et Roosevelt réunis (Source : Telegraph, 14/10/2008), mais dans sa méconnaissance évidente de l’Histoire, il oublie que ni Churchill ni Roosevelt n’étaient aux commandes de leurs pays depuis 10 ans quand ils ont dû affronter chacun leur « grande crise » (cela vaut d’ailleurs pour les Etats-Unis et l’administration Bush - Paulson et Bernanke inclus - qui viennent tous du « problème » et font donc très peu probablement partis de la « solution »). Sans compter que Roosevelt et Churchill organisaient les sommets comme Yalta ou Téhéran en laissant Français et Allemands à la porte, alors que c’est lui qui a dû rester à la porte du Sommet de l’Euroland.

[4] Source : L’Express, 13/10/2008

[5] Source GEAB N°5, 15/05/2006

[6] Source GEAB N°26, 15/06/2008

[7] LEAP/E2020 présente ainsi une synthèse de ses anticipations sur la phase de décantation de la crise grâce à une carte du monde de l’impact de la crise différenciant entre 6 grands groupes de pays ; ainsi qu’un calendrier anticipatif 2008-2013 des 4 séquences financière, économique, sociale et politique pour chacune de ces régions.

[8] Car c’est bien la zone Euro, l’Euroland, qui a permis d’arrêter la spirale de panique globale. Depuis des semaines, les initiatives américaines et britanniques se sont succédées sans effet. C’est l’irruption d’un nouvel acteur collectif, le « sommet de l’Euroland » et ses décisions d’envergure, qui ont constitué le phénomène nouveau et rassurant. C’est d’ailleurs un nouvel acteur que Washington et Londres ont systématiquement empêché d’émerger depuis le lancement de l’Euro il y a 6 ans. Et il a fallu toute une mise en scène diplomatique (réunion préalable, photo de groupe pré-sommet,... ) pour permettre au Premier Ministre britannique de faire croire qu’il n’était pas marginalisé dans ce processus, alors qu’il n’appartient de facto pas aux sommets de la zone euro. Dans ce GEAB N°28, LEAP/E2020 revient sur ce phénomène et les conséquences systémiques durables de la tenue du 1er sommet de l’Euroland.

[9] Le plan de sauvetage financier américain a déjà accru de 17.000 USD la dette de chaque Américain. Source : CommodityOnline, 06/10/2008

[10] Ce sont en effet 2.000 milliards USD de retraites par capitalisation qui ont disparu en fumée ces dernières semaines aux Etats-Unis. Source : USAToday, 08/10/2008

[11] En tout cas à court terme. Car notre équipe est persuadée que pour le peuple américain, à moyen et long termes, il n’est pas mauvais du tout que le système dominant à Washington et New-York soit fondamentalement remis en cause. C’est en effet ce système qui a plongé ce pays dans les problèmes dramatiques où des dizaines de millions d’Américains se débattent aujourd’hui, comme l’illustre parfaitement cet article du New York Times du 11/10/2008

[12] Même si c’est une mesure de peu d’ampleur par rapport à la perspective de cessation de paiement des Etats-Unis, ceux qui pensent qu’il est temps de réinvestir dans les marchés financiers peuvent trouver utile de savoir que le New York Stock Exchange vient de réviser tous ses seuils d’interruption des cotations pour cause de chute trop forte des cours. Source : NYSE/Euronext, 30/09/2008

Crise systémique globale : Nouveau point d’inflexion en Mars 2009 ’Quand le monde prend conscience que cette crise est pire que celle des années 1930


http://www.europe2020.org/spip.php?rubrique8&lang=fr

Crise systémique globale : Nouveau point d’inflexion en Mars 2009 ’Quand le monde prend conscience que cette crise est pire que celle des années 1930’
- Communiqué public GEAB N°30 (16 décembre 2008) -
16/12/2008


LEAP/E2020 estime que la crise systémique globale connaîtra en Mars 2009 un nouveau point d’inflexion d’une importance analogue à celui de Septembre 2008. Notre équipe considère en effet que cette période de l’année 2009 va être caractérisée par une prise de conscience générale de l’existence de trois processus déstabilisateurs majeurs de l’économie mondiale, à savoir :

1. la prise de conscience de la longue durée de la crise

2. l’explosion du chômage dans le monde entier

3. le risque d’effondrement brutal de l’ensemble des systèmes de pension par capitalisation

Ce point d’inflexion sera ainsi caractérisé par un ensemble de facteurs psychologiques, à savoir la perception générale par les opinions publiques en Europe, en Amérique et en Asie que la crise en cours a échappé au contrôle de toute autorité publique, nationale ou internationale, qu’elle affecte sévèrement toutes les régions du monde même si certaines sont plus affectées que d’autres (voir GEAB N°28), qu’elle touche directement des centaines de millions de personnes dans le monde ’développé’ et qu’elle ne fait qu’empirer au fur et à mesure où les conséquences se font sentir dans l’économie réelle. Les gouvernements nationaux et les institutions internationales n’ont plus qu’un trimestre pour se préparer à cette situation qui est potentiellement porteuse d’un risque majeur de chaos social. Les pays les moins bien équipés pour gérer socialement la montée rapide du chômage et le risque croissant sur les retraites seront les plus déstabilisés par cette prise de conscience des opinions publiques.

Dans ce GEAB N°30, l’équipe de LEAP/E2020 détaille ces trois processus déstabilisateurs (dont deux sont présentés dans ce communiqué public) et présente ses recommandations pour faire face à cette montée des risques. Par ailleurs, ce numéro est aussi comme chaque année l’occasion d’une évaluation objective de la fiabilité des anticipations de LEAP/E2020, qui permet de préciser également certains aspects méthodologiques du processus d’analyse que nous mettons en œuvre. En 2008, le taux de réussite de LEAP/E2020 est de 80%, avec une pointe à 86% pour les anticipations strictement socio-économiques. Pour une année de bouleversements majeurs, c’est un résultat dont nous sommes fiers.

La crise durera au moins jusqu’à la fin 2010

Comme nous l’avons détaillé dans le GEAB N°28, la crise affectera de manière diversifiée les différentes régions du monde. Cependant, et LEAP/E2020 souhaite être très clair sur ce point, contrairement aux discours actuels des mêmes experts qui niaient l’existence d’une crise en gestation il y a trois ans, qui niaient qu’elle soit globale il y a 2 ans et qui niaient il y a seulement six mois qu’elle soit systémique, nous anticipons une durée minimale de trois ans pour cette phase de décantation de la crise [1]. Elle ne sera ni terminée au printemps 2009, ni à l’été 2009, ni au début 2010. C’est seulement vers la fin 2010 que la situation commencera à se stabiliser et s’améliorer un peu dans certaines régions du monde, à savoir l’Asie et la zone Euro, ainsi que pour les pays producteurs de matières premières énergétiques, minérales ou alimentaires [2]. Ailleurs, elle continuera. En particulier aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, et dans les pays les plus liés à ces économies, où elle s’inscrit dans une logique décennale. C’est seulement vers 2018 que ces pays peuvent envisager un retour réel de la croissance.

Par ailleurs, il ne faut pas imaginer que l’amélioration de la fin 2010 marquera un retour à une croissance forte. La convalescence sera longue ; par exemple, les bourses mettront également une décennie à revenir aux niveaux de l’année 2007, si elles y reviennent un jour. Il faut se souvenir que Wall Street mit 20 ans à revenir à ses niveaux de la fin des années 1920. Or, selon LEAP/E2020 cette crise est plus profonde et durable que celle des années 1930. Cette prise de conscience de la longue durée de la crise va progressivement se faire jour dans les opinions publiques au cours du trimestre à venir. Et elle déclenchera immédiatement deux phénomènes porteurs d’instabilité socio-économique : la peur panique du lendemain et la critique renforcée des dirigeants du pays.

Evolution de la base monétaire des Etats-Unis et indication des crises majeures corrélées (1910 – 2008) - Source : Federal Reserve Bank of Saint Louis / Mish’s Global Economic Trends Analysis

Le risque d’effondrement brutal de l’ensemble des systèmes de pension par capitalisation

Enfin, dans le cadre des conséquences de la crise qui affecteront directement des dizaines de millions de personne aux Etats-Unis, au Canada, au Royaume-Uni, au Japon, aux Pays-Bas et au Danemark en particulier [3], il faut intégrer le fait qu’à partir de cette fin d’année 2008 vont se multiplier les nouvelles concernant les pertes massives des organismes gérant les actifs censés financer ces retraites. L’OCDE estime à 4.000 milliards USD les pertes des fonds de pension pour la seule année 2008 [4]. Aux Pays-Bas [5] comme au Royaume-Uni [6], les organes de surveillance des fonds de pension viennent de lancer des cris d’alarme demandant en urgence un accroissement des cotisations obligatoires et une intervention de l’Etat. Aux Etats-Unis, ce sont des annonces multiples d’augmentation des contributions et de diminution des versements qui sont émises à un rythme croissant [7]. Et c’est seulement dans les semaines à venir que nombre de fonds vont pouvoir faire réellement le décompte de ce qu’ils ont perdu [8]. Beaucoup s’illusionnent encore sur leur capacité à reconstituer leur capital à l’occasion d’une prochaine sortie de crise. En Mars 2009, quand gestionnaires de fonds de pension, retraités et gouvernements vont simultanément prendre conscience que la crise va durer, qu’elle va coïncider avec l’arrivée massive des « babyboomers » à la retraite et que les bourses ont peu de chance de retrouver avant de longues années leurs niveaux de 2007 [9], le chaos va s’installer dans ce secteur et les gouvernements vont se rapprocher de plus en plus de l’obligation d’intervenir pour nationaliser tous ces fonds. L’Argentine, qui a pris cette décision il y a quelques mois apparaîtra alors comme un précurseur.

Ces tendances sont toutes déjà en cours. Leur conjonction et la prise de conscience par les opinions publiques des conséquences qu’elles entraînent constituera le grand choc psychologique mondial du printemps 2009, à savoir que nous sommes tous plongés dans une crise pire que celle de 1929 ; et qu’il n’y a pas de sortie de crise possible à court terme. Cette évolution aura un impact décisif sur la mentalité collective mondiale des peuples et des décideurs et modifiera donc considérablement le processus de déroulement de la crise dans la période qui suivra. Avec plus de désillusions et moins de certitudes, l’instabilité socio-politique globale va s’accroître considérablement.

Enfin, ce GEAB N°30 présente également une série de 13 questions/réponses afin d’aider de manière quasi-interactive les épargnants/investisseurs/décideurs à mieux comprendre et anticiper les développements à venir de la crise systémique globale :

1. Cette crise est-elle différente des crises ayant précédemment affecté le capitalisme ?

2. Cette crise est-elle différente de la crise des années 1930 ?

3. La crise est-elle aussi grave en Europe et en Asie qu’aux Etats-Unis ?

4. Les mesures entreprises actuellement par les Etats du monde entier sont-elles suffisantes pour juguler la crise ?

5. Quels risques majeurs pèsent toujours sur le système financière international ? Et toutes les épargnes sont-elles égales face à la crise ?

6. La zone Euro constitue-t-elle une vraie protection contre les pires aspects de la crise et que pourrait-elle faire pour améliorer ce statut ?

7. Le système de Bretton Woods (sous sa dernière version des années 1970) est-il en train de s’effondrer ? L’Euro doit-il remplacer le Dollar ?

8. Que peut-on espérer du prochain G20 de Londres ?

9. Pensez-vous que la déflation soit actuellement la plus grande menace planant sur les économies mondiales ?

10. Pensez-vous que le gouvernement Obama sera en mesure d’empêcher les Etats Unis de sombrer dans ce que vous avez appelé la “Très Grande Dépression Américaine” ?

11. En termes de monnaies, au-delà de votre anticipation concernant la reprise de la chute du Dollar US dans les tout prochains mois, pensez-vous que la Livre Sterling et le Franc Suisse soient toujours des monnaies de statut international ?

12. Pensez-vous que le marché des CDS soit sur le point d’imploser ? Et quelles seraient les conséquences d’un tel phénomène ?

13. La “bulle des Bons de Trésor US » est-elle sur le point d’exploser ?



[1] Il est utile de lire au sujet de cette crise une très intéressante contribution de Robert Guttmann publiée au 2° semestre 2008 sur le site Revues.org, soutenu par la Maison des Sciences de l’Homme Paris-Nord.

[2] D’ailleurs ce sont les matières premières qui commencent à déjà relancer le marché du transport maritime international. Source : Financial Times, 14/12/2008

[3] Puisque ce sont les pays qui ont le plus développé les systèmes de retraite par capitalisation. Voir GEAB N°23. Mais c’est aussi le cas de l’Irlande. Source : Independent, 30/11/2008

[4] Source : OCDE, 12/11/2008

[5] Source : NU.NL, 15/12/2008

[6] Source : BBC, 09/12/2008

[7] Sources : WallStreetJournal, 17/11/2008 ; Phillyburbs, 25/11/2008 ; RockyMountainNews, 19/11/2008

[8] Source : CNBC, 05/12/2008

[9] Et nous ne mentionnons même pas l’influence de l’explosion de la bulle des Bons du Trésor US qui affectera également brutalement les fonds de pension. Voir Q&A, GEAB N°30.

jeudi 14 février 2008

VIA CAMPESINA


Vers la Souveraineté Alimentaire de la Polynésie ?
La Via Campesina, le mouvement paysan international, nous communique cet article:

Une réponse à la crise mondiale des prix alimentaires:
L'agriculture familiale durable peut nourrir le monde



(Rome, 14 Février 2008) Les consommateurs du monde entier ont vu les prix des denrées alimentaires de base augmenter d'une façon dramatique ces derniers mois, entraînant de grandes difficultés particulièrement au sein des communautés les plus pauvres. En un an, le prix du blé a doublé et celui du maïs a augmenté de 50%.

Cependant la production n'est pas en crise. Les statistiques démontrent que la récolte de céréales n'a jamais été aussi abondante qu'en 2007 (1).

Les prix augmentent pour diverses raisons. D'abord, une partie de plus en plus importante de la production est actuellement détournée pour la fabrication d'agro-carburants; les réserves mondiales d'aliments sont au niveau le plus bas depuis 25 ans suite à la dérégulation des marchés par l'OMC et certains pays exportateurs comme l'Australie ont connu de mauvaises récoltes en raison d'accidents climatiques. Par ailleurs, les prix augmentent parce que des entreprises financières spéculent sur l'alimentation du monde, misant sur la perspective d'une offre insuffisante. La production alimentaire, sa transformation et sa distribution tombent de plus en plus sous la coupe de compagnies transnationales qui monopolisent les marchés.

*La tragédie des agro-carburants:
ils nourrissent les moteurs, pas les peuples*

Les agro-carburants, (/les carburants produits à partir des plantes, de l'agriculture et des forêts/) nous sont présentés comme la réponse à la crise pétrolière et au réchauffement climatique. Toutefois de nombreux
scientifiques et institutions admettent aujourd'hui que leur pouvoir énergétique et que leur influence sur l'environnement seront limités ou carrément négatifs. Malgré cela, le monde économique se rue vers ce
nouveau marché qui entre en compétition directe avec les besoins alimentaires des populations. Le gouvernement indien envisage de planter 14 millions d'hectares de Jatropha, La Banque inter-américaine de Développement estime que le Brésil dispose de 120 millions d'hectares qui pourraient être cultivés pour des récoltes destinées aux agro-carburants et le lobby des agro-carburants parle déjà de 379 millions d'hectares disponibles dans quinze pays Africains (2). La demande actuelle de maïs pour la production d'éthanol représente déjà 10% de la consommation mondiale, ce qui fait monter les prix.

Les agro-carburants industriels sont une absurdité économique sociale et environnementale. Leur production devrait être arrêtée et la production agricole devrait être dirigée en toute priorité sur l'alimentation.

*Tous les producteurs ne profitent pas de ces augmentations de prix*

Les prix records des aliments frappent les consommateurs/trices, et contrairement à ce qu'on pourrait attendre, ils ne bénéficient pas non plus à tous les producteur/trices. Les éleveurs de bétail sont en crise
suite à l'augmentation du prix des aliments pour bétail, les producteurs de céréales voient le prix des engrais augmenter et les paysans sans terres ainsi que les travailleurs agricoles se voient dans l'impossibilité d'acheter les aliments de base. Les agriculteurs/trices vendent leur production bien au dessous du prix que payent les
consommateurs. La COAG, la Coordination espagnole des agriculteurs et des éleveurs a calculé que les consommateurs/trices espagnol(e)s payaient jusqu'à 600% de plus que le prix payé aux producteur/trices.

Les producteurs/trices et les consommateurs/trices ont besoin de prix justes et stables, et pas de l'instabilité actuelle. Les paysan(ne)s ne peuvent produire quand les prix sont trop bas, comme cela a souvent été le cas au cours des dernières décennies. Par conséquent ils ont besoin d'une régulation des marchés qui va à l'encontre des politiques de l'OMC

Ce sont les entreprises agro-industrielles et la grande distribution qui profitent en premier lieu de l'augmentation des prix alimentaires actuelle parce qu'elles augmentent leurs prix bien au delà de ce qu'elles devraient le faire. Le prix des aliments descendra-t-il lorsque les prix agricoles baisseront? Les grandes entreprises peuvent stocker des quantités de produits et les mettre sur le marché quand les prix sont élevés, ce qui leur permet de spéculer.

*La "libéralisation" du commerce agricole provoque la crise *

La crise actuelle montre bien que la "libéralisation" du commerce agricole entraîne la faim et la pauvreté. Les pays sont devenus très dépendants des marchés globaux. En 1992, les paysan(ne)s indonésien(ne)s produisaient assez de soja pour satisfaire la demande nationale. Le tofu et le 'tempeh' produits à partir du soja constituent une part importante de la diète quotidienne dans l'archipel. En adoptant la doctrine
néolibérale, le pays a ouvert ses frontières aux importations alimentaires, permettant au soja américain à très bas prix d'inonder le marché. Ceci a détruit la production nationale. Aujourd'hui 60% des fèves de soja consommées en Indonésie sont importées. En janvier dernier les prix records du soja des États Unis ont causé une crise nationale quand les prix du tofu et du 'tempeh' (la "viande du pauvre") ont doublé en quelques semaines. Le même scénario se répète pour de nombreux autres pays comme pour la production de maïs au Mexique.

*La dérégulation et la privatisation* des mécanismes de protection ont également contribué à la crise actuelle. Les réserves nationales alimentaires ont été privatisées et sont maintenant gérées comme des multinationales. Celles-ci spéculent au lieu de protéger les producteur/trices et les consommateurs. De la même façon, les mécanismes de prix garantis sont démantelés partout dans le monde sous le dictat des politiques néolibérales, ce qui expose producteurs/trices et les consommateurs/trices à une instabilité extrême des prix.

*Le temps de la Souveraineté Alimentaire est arrivé!*

Devant les perspectives d'augmentation de la population mondiale jusqu'en 2050 et face à la nécessité d'affronter les changements climatiques, le monde devra produire plus d'aliments dans les années qui viennent. Les paysans et les paysannes sont capables de relever ce défi comme ils l'ont fait dans le passé. De fait, la population mondiale a doublé au cours des 50 dernières années mais les producteurs/trices ont augmenté la production de céréales à un rythme encore plus rapide.

Pour La Via Campesina, l'alimentation doit prévenir de l'agriculture paysanne durable afin de protéger la subsistance, les emplois et la santé des populations ainsi que l'environnement. La nourriture ne peut pas être abandonnée au contrôle des grandes entreprises du secteur alimentaire et de la grande distribution. Les OGM et l'agriculture industrielle ne fournissent pas d'aliments sains et continuent à détériorer l'environnement. Par exemple, la nouvelle "révolution verte" promue par AGRA en Afrique (nouvelles semences, engrais chimiques et grands programmes d'irrigation) ne résoudra pas la crise. Au contraire, elle l'aggravera. Par ailleurs, des recherches récentes montrent que les petites exploitations biologiques sont au moins aussi productives que
les fermes conventionnelles. D'aucuns estiment même que la production alimentaire mondiale pourrait augmenter jusqu'à 50% grâce à l'agriculture durable. (3)

Pour éviter une crise alimentaire majeure, les gouvernements et les institutions publiques doivent adopter des politiques spécifiques afin de protéger la production de l'énergie la plus importante au monde: la nourriture!

*Les gouvernements doivent développer, promouvoir et protéger la production locale *afin de réduire la dépendance face aux marchés mondiaux. Cela implique le droit de chaque pays ou union à contrôler les importations et le devoir de mettre fin à toute forme de dumping alimentaire.

*Ils doivent également mettre en place (ou maintenir) des mécanismes de régulation ou de gestion des marchés *tels que la constitution de stocks de sécurité et des prix minimum garantis pour créer des conditions
stables pour les producteurs/trices.

Selon Henry Saragih, co-ordinateur général de Via Campesina et leader du Syndicat des Paysans Indonésiens, << *les paysan/nes ont besoin de terres pour produire et alimenter leur communauté et leur pays. *Il est temps de mettre en oeuvre de vraies réformes agraires pour permettre aux familles paysannes de nourrir le monde>>.

Pour Ibrahim Coulibaly, président de la Coordination Nationale des Organisations Paysannes (CNOP) du Mali:

La Via Campesina estime que la solution de la crise actuelle des prix de l'alimentation réside dans la Souveraineté Alimentaire. La Souveraineté Alimentaire est le droit des personnes à une alimentation saine et
appropriée aux cultures locales, produite par des méthodes écologiquement intelligentes et durables. Elle est aussi le droit des gouvernements à définir leurs propres politiques agricoles et alimentaires sans endommager l'agriculture d'autres pays. Elle place les aspirations et les besoins de ceux qui produisent, distribuent et consomment la nourriture au coeur des systèmes de production et des politiques, plutôt que selon la demande des marchés et des corporations.
La Souveraineté Alimentaire met en priorité les économies et les marchés locaux et nationaux. Elle garanti également l'autonomie de décision qui leur correspond. aux paysans et à une agriculture et à une production alimentaire gérée par des familles de fermiers,

*Pour plus amples informations et pour des interviews à Rome de dirigeantes et dirigeants du mouvement paysan international*

La délégation de Via Campesina à Rome : +393487276117
http://www.viacampesina.org

(1) Les Chambres d'Agriculture - France: http://paris.apca.chambagri.fr/
(2) Grain: www.grain.org
(3) "Shattering Myths: Can sustainable agriculture feed the world?":
www.foodfirst.org

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International Operational Secretariat
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lundi 11 février 2008

Communiqué du FSP



L'appel du WSF (World Social Forum) en date du 26 Janvier 2008 pour une journée d'actions mondiale a été l'occasion fournie pour créer le Forum Social Polynésien et pour constituer un comité pour l'organisation d'un prochain Forum Social en Polynésie.
Les organisations de luttes contre la violence faite aux femmes, de protection de l'environnement, des victimes des essais nucléaires, les organisations syndicales et culturelles du Fenua ont été sollicitées à participer et nous y trouvons en général un écho favorable qui semble indiquer le besoin de fédérer les actions locales et de les relier aux organisations internationales et aux autres mouvements planétaires.
Profitant de la campagne électorale des représentants à l'assemblée territoriale de Polynésie Française, le Forum Social Polynésien a interpellé chacun des leaders des partis politiques locaux sans qu'il y ait eut jusqu'à présent la moindre réponse qui lui ait été communiquée par l'un d'entre eux.
Le FSP constate qu'aucun parti politique polynésien, qu'il soit "autonomiste" ou "indépendantiste", n'émet la moindre critique contre le système économique et social néo-libéral qui génère oppression et injustice, racisme et violence, désastres sociaux et environnementaux.
Seuls quelques membres de l'UPLD ont pris contact avec nous pour aborder le sujet de la décolonisation des territoires de Polynésie Française mais ne semblent pas relier d'évidence la situation de domination coloniale à une critique du système qui l'engendre.
Le FSP constate que les programmes des partis politiques ne sont pas issus des revendications des luttes sociales sur le territoire et que les électeurs, tout en usant de leur droit de vote, assistent sans débattre au spectacle des hommes et femmes politiques qui se sont accaparés la légitimité de les diriger pour le profit de quelques-uns.
Le FSP exprime la nécessité de l'exercice d'une démocratie directe en Polynésie Française en privilégiant la parole des femmes.
Le FSP s'étonne de l'ingèrence outrancière de l'état français dans la campagne électorale que constituent les différentes initiatives de son secrétaire d'état chargé de l'outre-mer.
Le FSP suggère la formation de comités de quartiers autonomes pour débattre des possibilités de réappropriation:
- des espaces de productions agricoles, artisanales, et des lieux de pêche et des moyens de distribution et d'échange;
- des espaces d'éducation et d'organisation communautaire sur le fenua;
- des lieux d'habitation et de vie;
- des espaces culturels et de création;
et mettre sur pied les moyens démocratiques d'une autogestion de ces espaces reconquis pour un développement durable au profit de tous.
Le FSP encourage également la création de réseaux d'informations alternatifs devant le monopole d'un groupe de presse privé sur le territoire.
Le FSP rappelle qu'il n'est affilié à aucun parti politique et n'appartient à aucune obédience religieuse et qu'il s'inscrit dans le "mouvement des mouvements" que constitue le World Social Forum.
Le FSP exprime sa solidarité avec les organisateurs des forums publics fidgiens qui en sont sytématiquement empêchés par des menaces et des intimidations.
Le Forum Social Polynésien est en marche pour une autre Polynésie possible dans un autre monde possible ! Le FSP vous salue !
Ia Orana !

jeudi 7 février 2008

Forum public mouvementé à Fidgi

Pacifique : 06/02/2008 à 06:00
Forum public mouvementé à Fidji

(Radio Australie) - Un forum organisé dans un complexe hôtelier de Suva, le Holiday Inn, par deux organisations non gouvernementales, le PCRC, (Pacific Concerns Resource Center) et le PCPI (Pacific Center for Public Integrity) a dû être suspendu. Environ 300 personnes ont été invitées à cette réunion dont le but était, entre autres, de débattre de la faisabilité des élections démocratiques en 2009.

L'invité d'honneur de la réunion n'était autre que Laisenia Qarase, le Premier ministre renversé par le coup d'État militaire de Frank Bainimarama, l'actuel Premier ministre par intérim.
Le Premier ministre déchu s'était déjà exprimé quand la réception de l'hôtel a reçu un coup de fil anonyme d'un homme affirmant qu'une bombe se trouvait dans l'enceinte de l'hôtel.
C'est la deuxième alerte à la bombe depuis le début de la semaine dans cet hôtel. Le forum a donc été interrompu et tous les délégués et intervenants ont été évacués. Le correspondant de Radio Australie, Samisoni Pareti, indique que ne voyant pas arriver la police au bout d'une heure, les organisateurs ont décidé de reporter la conférence à la semaine prochaine.

Pierre Riant - ABC/Radio Australia

mardi 5 février 2008

Les Libres Penseurs au Forum Social Polynésien

Deux « 4 février »
Bruno MARSOT
Membre de la CAN

16 Pluviôse An II (04 février 1794)

la Convention Nationale décrète l’abolition –sans contrepartie— de l’esclavage dans les colonies françaises.

On peut rechercher l’origine de cette décision dans l’insurrection qui se propage à St Domingue, futur Haïti, depuis la nuit des 22-23 août 1791.

On peut la retrouver dans la proclamation de l’affranchissement général, le 29 août 1793, par Santhonax, Commissaire de la République à St Domingue, afin de rallier les Noirs à la République naissante et menacée dans l’île par les puissances étrangères espagnoles, anglaises et les colons Blancs.

On peut la toucher, dans les principes proclamés dès le début de la Révolution, car si l’affranchissement des esclaves marque une rupture avec les colons, il marque par contre une réelle continuité, une authentique filiation avec les principes proclamés le 26 août 1789. Moment clé de l’histoire nationale, la Convention proclame, avec Danton, « à la face de l’univers et des générations futures, la liberté universelle ».

A cette occasion, la Convention honore ses propres principes, ceux des Droits de l’Homme et du Citoyen, considère que l’Egalité des hommes, de tous les hommes, est un principe universel et que la Nation souveraine n’est habilitée à obéir qu’aux lois librement votées par ses représentants.

La Convention est le cadre politique où peuvent être examiné les revendications des citoyens par leurs représentants mandataires, car « de quelques manières qu’ils soient députés, qu’ils s’assemblent, et qu’ils délibèrent, pourvu qu’on ne puisse pas ignorer (et comment la nation qui les commet l’ignorerait-elle ?) qu’ils agissent en vertu d’une commission extraordinaire des peuples, leur volonté commune vaudra celle de la nation elle-même » [1].

Les acteurs de la souveraineté restent les citoyens.

04 février 2008

le Congrès adopte la modification constitutionnelle permettant de ratifier, sans passer par l’avis du peuple, le Traité de Lisbonne.

Réunis à l’initiative du Président de la République, à Versailles, les députés et sénateurs ont approuvé la modification constitutionnelle qui va leur permettre de ratifier le Traité de Lisbonne qui devrait régir désormais la vie des femmes et des hommes dans l’Union Européenne (UE).

Ce procédé n’a eu pour objectif que de contourner l’avis du peuple, qui le 29 mai 2005, suivi d’ailleurs peu après par le peuple néerlandais, avait largement rejeté le TCE.

Or, la démocratie, c’est le débat : ceux qui ont peur d’un préalable et inévitable débat, ceux qui ont peur du résultat d’un nouveau référendum, ceux-là ont peur de la Démocratie.

Or, la démocratie, c’est le mandat : les Élus doivent respecter les citoyens comme ceux-ci respectent leurs Élus. Les Elus ne doivent pas oublier qu’ils ont été élus pour représenter le peuple et que le peuple a dit NON.

Cette affaire là, c’est juste un nouveau coup de force.

Nous sommes face à un Parlement de « godillots », qui se soumet, presque sans broncher, aux dictats présidentiels et aux exigences de l’UE, qui est sourd à la volonté populaire, qui est « aux ordres ».
- C’est la négation de la souveraineté du peuple.
- C’est la négation de la Démocratie.

Le fossé est devenu immense entre le peuple, entre les citoyens et ceux censés être leurs représentants.

Si un spectre hante les nuits de Messieurs Barroso et Sarkozy, c’est le spectre du peuple souverain.

Respect de la souveraineté du peuple
ou docilité de la représentation nationale ?

Voici 2 journées historiques, 2 assemblées d’élus, 2 votes inverses, et dans leurs principes, et dans leurs résultats :

— D’un côté, il y a le respect des principes de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, il y a la mise en application du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes,
— de l’autre, il y a un traité identique, quant au fond, à l’ancien projet rejeté ; son « père » (Valérie Giscard d’Estaing, Le Monde 26/10/2007) le déclare lui-même : « rédigé exclusivement à partir du projet de traité constitutionnel, les outils sont exactement les mêmes. Seul l’ordre a été changé dans la boîte à outils », la « différence porte davantage sur la méthode que sur le contenu ».

— D’un côté, il y a un peuple souverain à qui personne ne peut ravir sa souveraineté,
— de l’autre, il y a une chambre d’enregistrement, sorte de « Corps législatif » [2] au service d’un souverain qui n’est plus le Peuple mais l’UE.

— D’un côté, il y a le Conventionnel qui ne se contente pas de se libérer, mais qui libère l’Homme, sans distinction de couleur
— de l’autre, il y a Nicolas Sarkozy qui rétablit, d’une façon arbitraire, le TCE que le peuple français a rejeté, c’est-à-dire qu’il rend à la sujétion les citoyens français

Il n’y a aucune place entre la souveraineté des peuples et les traités de l’UE !

Soumission à l’Europe vaticane
ou défense de la laïcité ?

Ce 04 février 2008, nous sommes bien loin du 04 février 1794, comme Versailles était bien loin de la Convention.

Or, le vote contre le TCE en 2005, c’était aussi le refus d’un texte qui assignait un nouveau rôle aux Eglises, un rôle institutionnel nouveau, en complète contradiction avec la loi de 1905.

La conjonction du vote du Congrès de Versailles et des discours de Nicolas Sarkozy, à Latran et Ryad, dessine une ligne d’offensive inquiétante contre les acquis de la Démocratie et de la Laïcité dans notre pays.

Pour la grande majorité des Français, la Laïcité est le gage du respect de la liberté de conscience, qui est la liberté de croire ou de ne pas croire. Ils savent ce que, dans notre histoire, ont coûté les querelles et les guerres religieuses ; ils constatent ce qui se passe dans les autres pays. Parce que les citoyens français sont partisans de la séparation des Eglises et de l’Etat, de la laïcité institutionnelle, ils n’ont pas accepté l’article I-52 de l’ancien TCE et ils n’acceptent pas davantage l’article 16-C du nouveau traité qui maintiendra tous les privilèges antidémocratiques des Églises en Europe.

Du traité de Lisbonne au discours de St Jean de Latran, le Président de la République n’est pas le gardien vigilant de la Liberté, de l’Egalité et de la Fraternité, il n’est pas le garant de la laïcité institutionnelle.

Le discours du « chanoine d’honneur », est un véritable manifeste des anti-Lumières, c’est une profession de « Foi » contre la Laïcité.

Ce qu’il prépare, c’est, au mieux, une République « petit format ».

Ce qu’il veut instaurer, c’est une laïcité « avec adjectif », c’est-à-dire une laïcité qui n’en est plus une, et qui permette de subventionner, sans contrainte, les religions et leurs organisations.

Jean Jaurès, pour ce genre de politique, disait déjà « C’est au Vatican que vous prenez, ou que votre politique prend son mot d’ordre, et ne pouvant détruire les lois de laïcité, vous y introduisez le plus possible d’esprit clérical ».

LA LIBRE PENSEE n’est pas un parti politique, elle n’a pas de projet de société, elle ne présente pas de candidats.

Pour autant LA LIBRE PENSEE, n’est pas « indifférente », notamment lorsqu’il s’agit de la République et de la Laïcité. En l’espèce, il ne s’agit pas d’une simple détermination de choix politiques, il s’agit de la forme et du fond des institutions républicaines et laïques, ou non !

Les libres penseurs, initiateurs de la loi de 1905, partisans de la défense et de la restauration de cette loi, ne laisseront pas faire ; ils ne renonceront pas à la loi de 1905, sous aucun prétexte.

La République sans la Laïcité, c’est la République sans l’indispensable liberté de conscience et c’est oublier que la Laïcité c’est le prolongement de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen.

Il n’y a aucune place entre la laïcité institutionnelle et le cléricalisme !

Le combat pour les Lumières, pour la Démocratie et la Laïcité, doit être perpétuellement recommencé. A cet égard, la Fédération Nationale de la Libre Pensée occupera toute sa place contre le financement public de la venue de Benoît XVI, en France, cette année.

Les subventions publiques vont pleuvoir, si l’on n’y prend garde.

Pour le mouvement laïque français, européen et international, il apparaît important de réaffirmer ses principes.

Dans ce but, la Fédération Nationale de la Libre Pensée, la Ligue française de l’Enseignement, l’Union Rationaliste et le Mouvement Europe et Laïcité (CAEDEL) organisations françaises membres de l’IHEU proposent à toutes les organisations laïques d’organiser ensemble une initiative laïque internationale à Paris le dimanche 1er juin 2008.

Résistons :

- Contre l’Europe vaticane et contre le financement public de la visite papale !
- Pour la séparation des États et des religions, pour la laïcité en Europe !

Dijon le 16 Pluviôse An CCXVI
(05 février 2008)

[1] Sieyès Qu’est-ce que le Tiers état ?

[2] Chambre du « pouvoir législatif » de la Constitution de l’An VIII de Bonaparte, qui vote, sans discussion, les lois débattues par le Tribunat…