samedi 10 janvier 2009

GAZA - Nouvelles manifestations partout en France et dans le monde



GAZA - Nouvelles manifestations partout dans le monde


Collectif National pour une Paix Juste et Durable entre Palestiniens et Israéliens

10 janvier 2009

Suite au lancement de l’offensive terrestre israélienne, et aux crimes de guerre supplémentaires qu’elle annonce, il est évidemment nécessaire de rester très mobilisés. Voici la liste des nouvelles manifestations prévues partout en France.

Collectif National pour une Paix Juste et Durable entre Palestiniens et Israéliens

GAZA : ARRETONS LE MASSACRE DU PEUPLE PALESTINIEN !

Un million et demi de personnes assiégées affamées, bombardées depuis 18 mois c’est une punition collective et donc un crime de guerre aux termes de la 4e convention de Genève art. 33. Un million et demi de personnes qui subissent une agression d’une violence sans précédant de l’armée israélienne, c’est encore un crime de guerre ! L’union Européenne a donné le feu vert à Israël pour ce crime en décidant à l’initiative de sa présidence française, et contre le parlement européen, du « rehaussement » du statut des relations Union Européenne -Israël. Nous, organisations du collectif National pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens, signataires de cet appel , exigeons :

- L’arrêt du massacre
- La levée immédiate et totale du blocus
- la suspension de tout accord d’association entre l’UE et Israêl
- des sanctions immédiates contre Israël
- la protection de la population de Gaza et de tout le peuple palestinien

Premiers Signataires : Américains contre la Guerre (AAW) France, Agir Contre la Guerre (ACG),AFD france, AFPS, AJPF, ATF,Association des Marocains de France, Associations des Travailleurs Maghrébins de France, CCIPPP,Collectif des Musulmans de France, Collectif Faty Koumba, Ettajdid France, FTCR, Génération Palestine, GUPS France, Ligue Communiste Révolutionnaire, MIR, MIB, MRAP, NPA, Parti Communiste Français (PCF), PCOF, PDP, Solidarité tunisienne, Union juive française pour la paix, UTIT, Femmes en Noir, CPPI Saint Denis, La Courneuve Palestine, Association Républicaine des Anciens Combattants Les VERTS. Les Alternatifs . CVPR PRO. ASHDOM. Farrah-France, Handicap-Solidarité, AIPPP, Civimed Initiatives, Coordination de l’Appel de Strasbourg, Collectif judéo arabe et citoyen pour la paix, Cedetim, Droits devant, S’en sortir Ensemble, Mouvement des quartiers pour la justice sociale,Solidarité Palestine 18°,Droits devant !!,ACU : association des communistes unitaires, CNCU,coordination nationale des collectifs unitaires, Stop Précarité, Comité de solidaritéMartiniquePalestine,Union des Musulmans de Seine Saint Denis, le Cercle Frantz Fanon, UJAJAF, ATL Jenine, Réseau Féministe « Ruptures », Emancipation tendance intersyndicale, Collectif Feministe Pour l’Egalité ...

Une nouvelle organisation communiste libertaire - Nouvelle Zelande


Une nouvelle organisation communiste libertaire - Nouvelle Zelande

Date Tue, 6 Jan 2009 22:56:02 +0100 (CET)



Une nouvelle organisation s'est constituée avec l'espoir de construire un fort
mouvement révolutionnaire communiste libertaire en Aotearoa (Nouvelle Zélande).

Le Mouvement de solidarité des travailleurs de Aoetearoa (AWSM - Aotearoa Workers
Solidarity Movement) est une organisation engagée dans la construction d'une
société sans classe et sans Etat: le communisme libertaire. L'AWSM est formée de
révolutionnaires anarchistes « lutte de classe » de tout le pays. Pour le moment,
il s'agit d'une petite organisation comptant des militants a Wellington,
Christchurch et quelques autres petites villes du pays.

L'AWSM est née de la perception par des militants anarchistes du besoin d'une
organisation cohérente et structurée des communiste libertaire, inspirée du courant
plateformiste de l'anarchisme. Les rencontres informelles de ces dernières années
se sont transformée en projet construit, il y a quelques mois, aboutissant a une
conférence de travail qui s'est tenue a la fin octobre a Wellington.

En tant qu'anarchistes lutte des classes, notre priorité est l'intervention active
dans les luttes sur les lieux de travail et dans les syndicats, mais aussi mener
campagne dans nos quartiers. A partir de 2009 nous publierons un journal mensuel et
une revue théorique.

Situé au fond de de l'océan pacifique, nous nous sentons quelques peu isolés,
toutefois nous entendons maintenir un bon niveau de contact avec les organisations
de qui nous sommes proches.

Notre secrétaire aux relations internationale a été mandaté pour trouver des
contacts et nous sommes intéressés par une collaboration en vue de l'élaboration de
projets internationaux, convaincus que la vraie révolution sociale sera
internationale.

Notre site internet - http://awsm.org.nz/ seras régulièrement mise a jour avec des
comptes rendus de nos activités.

Solidairement,
Asher

Secrétaire International Aotearoa Workers Solidarity Movement


[ info reprise du site http://www.anarkismo.net/ ]

De lutte à lutte, de cœur à cœur


De lutte à lutte, de cœur à cœur
CSPCL, Paris

Premier Festival mondial de la digne rage

San Cristóbal de Las Casas, Cideci, "Un autre monde, une autre politique".
Le 2 janvier 2009.

Aux compañeras et compañeros du Comité clandestin révolutionnaire indigène,
Aux bases de soutien zapatistes,
Aux communes autonomes,
Aux Conseils de bon gouvernement,
À l’Autre Campagne nationale et internationale,
Aux peuples en lutte du monde entier,
Aux participants de ce Premier Festival de la digne rage,
À la société civile nationale et internationale,
Au Cideci,

Nous vous adressons les salutations dignes et rageuses du Comité de
solidarité avec les peuples du Chiapas en lutte de Paris.
Nous allons essayer de vous parler un peu de ce que nous vivons, nous
écoutons, nous observons de l’autre monde et de l’autre politique, en bas
et à gauche en France.

Nous vous remercions pour l’espace que vous nous avez donné et pour votre
écoute. Comme participation à cet acte, nous avons décidé de lire ce texte
qui a été écrit par les membres du comité présents dans ce festival, car
c’est notre façon de faire, collectivement.

De lutte à lutte, de cœur à cœur, nous dédions ces paroles à la mémoire de
deux amis décédés, Amado Avendaño et André Aubry.

Qui sommes-nous ?

Créé fin 1994 à Paris, le Comité de solidarité avec les peuples du Chiapas
en lutte est une assemblée ouverte née des luttes sociales et de leurs
convergences. Des collectifs et des individus, dans leur diversité, se
sont réunis pour manifester leur solidarité avec le soulèvement zapatiste
et avec la construction de l’autonomie indigène au Chiapas, et pour
diffuser l’information sur ces luttes au sein du mouvement social en
France.

Depuis quatorze ans, nous, qui formons cette assemblée ouverte, nous
réunissons chaque mercredi pour essayer de décider des initiatives
solidaires avec les zapatistes et avec les luttes et les mouvements
sociaux de résistance en France et en Europe.

Où sommes-nous ?

Pays appartenant à ce qu’on appelle "premier monde", la France est une
vieille puissance coloniale dont le pouvoir et la richesse se fondent sur
l’exploitation, la dépossession, le mépris et la répression.

* Exploitation, à travers le pillage des ressources naturelles, des
matières premières, et à travers l’exploitation des êtres humains qu’ils
soient sur son propre territoire ou dans ses ex-colonies, plus
particulièrement en Afrique et en Asie.

* Mépris envers les migrants, les pauvres, les jeunes, les femmes, les
travailleurs, les paysans, les minorités, les cultures, les différences.

* Dépossession du territoire, dans les champs et dans les différents
espaces publics urbains. Mais aussi dépossession du territoire mental à
travers la colonisation de nos rêves, de notre créativité et de nos
pensées.

* Répression. Outre les nouvelles lois antiterroristes qui justifient
l’hypersurveillance, la répression attaque tous les secteurs de la société
chaque fois plus : les chômeurs, les migrants, les adolescents, les
enfants, les rebelles, les sans-domicile, les malades mentaux...

Un exemple, il y a quelques mois, l’Union européenne a adopté une loi : un
immigré sans papiers en Europe peut être emprisonné jusqu’à dix-huit mois
avant d’être expulsé !

Et le gouvernement de France non seulement réprime mais il exporte ses
méthodes, savoirs, instruments et armes de répression. Ainsi, depuis dix
ans, il a signé un accord de coopération policière avec le Mexique qui a
permis au mauvais gouvernement mexicain de développer, entre autres, la
PFP.

En France, nous avons connu des gouvernements de toutes les couleurs
politiques et tous ont appliqué les "quatre roues" du capitalisme. Les
bénéfices sociaux conquis à travers les luttes sociales depuis le XIXe
siècle disparaissent peu à peu depuis trente années approximativement. Les
conditions de vie s’aggravent chaque fois plus. Et cela se produit parce
que les gouvernements travaillent en collusion avec les entreprises
capitalistes.

Nous allons être clairs : nous ne croyons pas dans la logique de la prise
du pouvoir ou dans les partis, même s’ils se disent anticapitalistes. Nous
nous reconnaissons dans les luttes et les mouvements de base qui
s’organisent d’une manière autonome. Nous savons qu’aucune amélioration ne
viendra d’en haut. Le capitalisme le sait bien, et c’est justement pour
cette raison qu’il réprime ceux d’en bas qui s’organisent.

Il y a peu de temps, le gouvernement a fait beaucoup de bruit autour de la
détention d’un groupe de jeunes, accusés sans preuves de sabotage. Ce
n’est pas un cas unique. Depuis plusieurs mois, il stigmatise ceux qu’il
appelle anarchistes, autonomes ou terroristes : des jeunes qui essayent de
s’opposer et qui construisent des alternatives au système capitaliste dans
leur espace de vie.

Toute cette publicité, ces emprisonnements sont une manière d’effrayer les
gens et une tentative pour décourager les révoltes. Bien évidemment, il
s’agit de préparer les répressions.

Dans ce même contexte, on voit la criminalisation des occupations de
maisons, les expulsions violentes et la guerre systématique contre les
sans-papiers. La répression des sans-papiers est si forte à travers
l’emprisonnement, la violence policière, l’expulsion forcée, que certains
meurent dans leur tentative d’échapper à la police.

Comment résiste-t-on en France ?

Ces situations provoquent des réponses et des luttes de tout genre, comme,
en 2005, la révolte spontanée où les banlieues se sont enflammées après la
mort de deux jeunes poursuivis par la police.

En ce qui concerne les politiques de rejet des migrants, en 1996 les
clandestins se sont fait connaître à tous, réclamant non seulement leur
régularisation mais aussi affirmant leur dignité et leur liberté de
circulation. Depuis ce moment, ils se rendent visibles à travers des
actions comme des occupations : d’églises, de lieux de travail ou de
bâtiments publics. Le Neuvième Collectif de sans-papiers autogéré est né à
cette époque et continue à résister jusqu’à présent ; ce n’est pas le seul
mais c’est un des plus actifs. Plusieurs groupes, réseaux et individus se
mobilisent pour soutenir leurs luttes.

Cette question des migrants a un lien avec le territoire et c’est pour
cela que nous luttons avec eux pour créer un espace qui ne soit pas limité
par des frontières mais qui soit construit par ceux qui l’habitent.

Le territoire est très important car il implique la manière de lutter. Les
migrants, les jeunes, les individus ou les familles qui ont décidé
d’occuper des maisons et des bâtiments dans les villes, pour avoir des
toits, des logements, des espaces collectifs et culturels, l’ont très bien
compris. Aujourd’hui, la répression rend cela chaque fois plus difficile.

Beaucoup de lieux sont ainsi nés dans la campagne et dans les villes en
essayant de construire une alternative aux réalités du monde capitaliste,
en partageant des connaissances et en résistant à la perte du territoire.

Ainsi sont nées beaucoup d’autres luttes, petites ou grandes, où les gens
s’opposent aux projets de développement du gouvernement (supermarchés,
ponts, autoroutes, aéroports...), au pillage des ressources naturelles, au
nucléaire ou aux transgéniques.

À la fin des années 1990, des paysans et des organisations ont commencé à
s’organiser contre les cultures transgéniques ; de là est né le mouvement
de base de ceux qui se nomment les Faucheurs volontaires. Ils continuent à
faucher des champs plantés de transgéniques et, bien qu’ils accumulent les
procès, ils obtiennent aussi la quasi-disparition des cultures
transgéniques.

De nouvelles relations se développent entre la campagne et la ville à
travers les Associations pour le maintien de l’agriculture paysanne. Des
groupes de voisins se mettent en relation avec des paysans pour sortir des
grandes chaînes de commerce capitaliste, obtenir directement auprès des
paysans une partie des aliments et rapprocher ainsi la campagne et la
ville. Dans ce processus, il s’agit aussi de récupérer des terres des
mains de grands propriétaires industriels pour les cultiver de manière
collective.

En France, alors que le démantèlement du système de protection sociale et
des services publics avance, sont nés des mouvements de résistance sociale
qui sont confrontés à la perte de leur autonomie face aux appareils
syndicaux et à la classe politique. Ainsi, beaucoup de ces mouvements d’en
bas, qui n’arrivent pas à maintenir leur autonomie et leurs luttes,
finissent par accepter des accords signés entre ceux d’en haut.

Les ponts que nous essayons de créer entre ici et là-bas

En tant que comité, nous nous sommes donné quatre tâches principales :

• Ouvrir un espace en langue française diffusant et traduisant
l’information, les communiqués et les analyses du mouvement zapatiste et
indigène au moyen d’une liste de diffusion et d’un site sur Internet, de
débats, de projections et de tables de presse ;

• Faire pression sur le gouvernement mexicain en organisant des
rassemblements et des manifestations, en rédigeant des communiqués ;

• Réunir un appui matériel pour les communautés insurgées du Chiapas grâce
aux bénéfices tirés de concerts de solidarité, de vente d’artisanat, de
repas solidaires ou de vente de café des coopératives zapatistes à travers
l’association Échanges solidaires ;

• Nous essayons aussi de nous focaliser sur la question de l’autonomie et
du territoire que l’on est en train de perdre, démontés par le système
capitaliste.

À travers la visite de Gloria Muñoz Ramirez, de Juan Chávez, membre du
Congrès national indigène, de compañeras et compañeros d’Atenco, d’Oaxaca,
de l’Autre Campagne de New York, nous essayons de mettre en relation les
luttes autonomes liées à la question sociale, paysanne et urbaine ici et
là-bas.

En 2005, le Comité de solidarité avec les peuples du Chiapas en lutte a
adhéré avec enthousiasme à la Sixième Déclaration. Avec l’Autre Campagne,
le chemin que nous suivons devient plus ample. La construction d’un réseau
dans lequel toutes les révoltes, "en bas et à gauche", se rencontrent
ouvre l’espace d’un monde de liberté, justice et démocratie.

Avec des rencontres, des événements, des initiatives, nous essayons de
créer cet autre monde d’en bas à gauche en mettant en rapport des idées et
des expériences de lutte.

Nous voulons terminer avec un message de Limaba, paysan africain du
Burkina Faso, qui a découvert la lutte indigène et le mouvement zapatiste
grâce à sa rencontre avec Juan Chávez en Europe. Malheureusement, ce
compagnon n’a pas pu venir ici à cause des problèmes de visa. Voici son
message :

"Je salue la chère et fraternelle communauté indigène du Mexique. J’admire
son courage, sa combativité et sa détermination à revendiquer ses droits.
Un bel exemple et un des rares qui existent encore aujourd’hui de lutte
contre la pire gestion de la société : le capitalisme.

Je vous souhaite à tous un bon festival."

Merci.

Le Comité de solidarité avec les peuples du Chiapas en lutte

Un grand merci à Chantal pour la traduction.


--
Comité de solidarité avec les peuples du Chiapas en lutte (CSPCL, Paris)
33, rue des Vignoles - 75020 Paris - France
assemblée (hebdomadaire et ouverte) le mercredi à partir de 20 h 30
http://cspcl.ouvaton.org
cspcl@altern.org
listes d'information : http://listes.samizdat.net/sympa/info/cspcl_l
http://listes.samizdat.net/sympa/info/cspcl-fr

mercredi 7 janvier 2009

SEPT VENTS DANS LES CALENDRIERS ET DANS LES GÉOGRAPHIES D’EN BAS

(SEPT VENTS DANS LES CALENDRIERS ET DANS LES GÉOGRAPHIES D’EN BAS)

Premier vent : une digne jeunesse enragée
(groupe de discussion du 2 janvier).

Compañeros et compañeras,
Bien le bonjour,

C’est le lieutenant-colonel insurgé Moisés, de l’EZLN, qui vous parle.

En premier lieu, nous tenons à remercier le docteur Raymundo et les
compañeros et compañeras qui l’assistent dans sa tâche pour l’hébergement
qu’ils nous ont procuré pour les jours qui viennent.

Notre réunion se poursuit, autrement dit le festival de la Digne Rage.

Souhaitons de tout cœur que nous puissions nous retrouver une fois de plus
porteur de la digne rage qui est en chacun et en chacune de nous.

Cette fois-ci, ont répondu à l’appel : 1 155 personnes responsables de 109
stands d’exposition, appartenant à 228 collectifs et organisations en
provenance de 27 États de la République mexicaine, sur le plan national.

En ce qui concerne l’international, sont venues : 270 personnes
responsables de 139 stands d’exposition, appartenant à 57 collectifs et
organisations en provenance de 25 pays du monde.

Ont participé : 90 groupes culturels de musique, de théâtre, de danse, de
contes, de marionnettes, de poésie, etc., venus de 10 États mexicains
ainsi que d’autres pays.
Chaque jour, plus de 2 000 observateurs sont passés, dont de nouvelles
personnes à chaque fois.
Trois expositions de photographie et une exposition de peinture ont été
montées.
Vingt-cinq vidéos de lutte au Mexique et dans le monde ont été projetées.

Nous aimerions présenter les compañeros et compañeras de l’EZLN présents
pour l’occasion.

Pour rappeler la présence de notre inoubliable compañera commandante
Ramona, les compañeras suivantes sont avec nous :
La compañera commandante Susana,
La compañera commandante Miriam,
La compañera commandante Hortensia,
La compañera commandante Florencia,
La compañera Everilda,
La compañera capitaine insurgée Elena,
Ainsi que les compañeros :
Le compañero commandant David,
Le compañero commandant Zebedeo,
Le compañero commandant Tacho,
Le compañero commandant Guillermo.
Également, pour les enfants zapatistes :
La compañera Toñita,
La Lupita et le gamin sous-commandant Marcos.

Bien, compañeras et compañeros.

Nous sommes ici pour nous communiquer les différentes rages que nous
possédons, dont nous souffrons dans chacun des pays, dans chacune des
villes où chacun et chacune d’entre nous lutte. Dans nos entreprises, dans
nos écoles, dans nos terres communales, nos villages, nos ejidos, nos
cités.

Nous sommes ici pour nous raconter comment nous luttons et comment nous
nous organisons, avec des types de rages différentes, contre le
capitalisme néolibéral.

Digne doit être la rage car, faute d’en être ainsi, on se vend, on se rend
et on vacille. C’est pourquoi cette rage doit être digne, jusqu’à ce que
le peuple commande en obéissant et que le bon gouvernement obéisse.

Il est donc très important que nous nous écoutions et que nous nous
rencontrions comme nous le faisons en ce moment. Nous ne sommes pas ici
pour faire acte de présence et savoir qui va prendre la direction du
nouveau monde que nous voulons.

Non, tous et toutes autant que nous sommes, nous allons forger petit à
petit le changement que nous voulons. Chacun et chacune opérera le
changement qui lui semble nécessaire, supprimer ce qui ne sert pas et
n’aide pas le peuple pauvre, dans ce que nous a laissé le capitalisme.

Il est important que nous nous écoutions parler de la façon dont luttent
nos différentes organisations dans le monde et dans chacun des pays, car
de cette manière nous nous aidons mutuellement, nous nous communiquons
comment mieux évincer le capitalisme et lui fermer le pas, au moment où il
prétend régner sur le monde avec son argent.

Nous pensons qu’il est primordial de ne pas perdre cela de vue. Si nous
sommes ici, ce n’est pas pour démontrer qui est le plus révolutionnaire,
ce n’est pas pour rivaliser à qui en sait plus et qui est moins que
l’autre.

Comme je l’ai déjà expliqué, nous sommes ici pour nous aider mutuellement,
pour savoir de quelles façons luttent les uns et les autres, dans les
parties de ce monde où nous vivons.

Que chacun et chacune communiquent leurs différentes expériences de lutte,
afin de voir s’il existe des conditions de lutte et d’organisation en
chacun des endroits où nous vivons.

Nous croyons que ce festival est une excellente occasion pour que nos
compañeros et compañeras du Congrès national indigène du Mexique se
racontent et nous parlent de leur digne rage de lutte car ils ont
largement démontré que leur lutte continue toujours et continuera.

Nous croyons aussi qu’ils sont là pour recevoir le foisonnement
d’expériences qui seront évoquées au cours des jours qui suivent. Et nous
pensons que c’est de cette manière que nous devons tous et toutes être
ici, pour donner et pour recevoir.

Voilà l’objectif du Premier Festival mondial de la digne rage.

Merci beaucoup, compañeros et compañeras.


SEPT VENTS DANS LES CALENDRIERS ET DANS LES GÉOGRAPHIES D’EN BAS

Premier vent : une digne jeunesse enragée.

Bonsoir,

Sintrófisa, síntrofe, Ekseyerméni Eláda. Emís, i pió mikrí, apó aftí ti
goniá tu kósmu se jeretáme.
Déksu ton sevasmó mas ke ton zavmasmó mas giaftó pu skéftese ke kánis. Apó
makriá mazménume apó séna. Efjaristúme.

(J’espère n’avoir proféré aucune grossièreté. Ce que je voulais dire,
c’est : "Compañera, Compañero, Grèce rebelle, Nous, les plus petits,
depuis cet endroit reculé du monde, nous te saluons. Reçoit notre respect
et notre admiration pour ce que tu penses et ce que tu fais. D’ici, au
loin, nous apprenons de toi. Merci.")

I

Des violences et d’autres choses

Il y a longtemps que le problème posé par les calendriers et les
géographies empêche de dormir le Pouvoir et a lui ôté de son lustre. Dans
les uns comme dans les autres, il a vu (et verra) l’engrenage reluisant de
sa domination se bloquer et se décomposer. De sorte qu’il faut prendre un
soin extrême dans le maniement des calendriers et des géographies.

En ce qui concerne les géographies, l’affaire semble entendue : à en
croire leur simulacre, la Grèce serait très loin du Chiapas. Tandis qu’à
l’école on enseigne qu’un océan sépare le Mexique de la France, du Pays
basque, de l’Espagne et de l’Italie. Et quand on regarde une carte, on
peut constater que New York se situe très au nord du Chiapas indigène
mexicain, chose qui a été réfutée il y a quelques heures à peine par les
compañeras et compañeros du mouvement Justicia para el Barrio (Justice
pour le Barrio [quartier]). Quant à l’Argentine, elle serait très au sud
de ces terres, chose que conteste fermement le compañero de Solano qui
vient d’achever son exposé.

En réalité, une telle séparation n’existe ni en haut ni en bas. La brutale
mondialisation néolibérale (la quatrième guerre mondiale, comme disent les
zapatistes) a placé les lieux les plus distants dans une simultanéité
spatiale et temporelle pour le flux des richesses… et pour leur
appropriation.

Au diable les contes pleins de fantaisie sur les prétendus
découvreurs-conquérants héroïques terrassant par l’épée et par la croix la
faiblesse de ceux que l’on "civilisait". En lieu et place des trois
caravelles bien connues, un ordinateur à haut débit. En lieu et place d’un
Hernán Cortés, un automate simultané érigé en gouvernement dans le moindre
recoin de la planète. En lieu et place d’épées et de croix, une machine de
destruction massive et une culture qui partage avec le fast food non
seulement son omniprésence (McDonald’s, comme dieu, est partout), mais
aussi son caractère indigeste et son pouvoir nutritif nul.

C’est cette même mondialisation qui fait que les bombes des gouvernements
israélien et nord-américain s’abattent sur Gaza en faisant trembler le
monde entier.

Avec la mondialisation, le monde entier de l’en haut est mis à notre
portée… ou, plus exactement, ouvert à notre regard et à notre conscience.
Les bombes qui assassinent des civils palestiniens constituent également
un avertissement à retenir et à assimiler. La chaussure lancée sur Bush en
Irak est quelque chose qui peut se reproduire n’importe où ailleurs sur le
globe.

Tout cela est décidément lié au culte de l’individu. L’euphorie
enthousiaste qu’à suscitée chez les bien-pensant cette chaussure lancée
sur Bush (qui ne fait que démontrer que le journaliste en question ne sait
pas viser) ne revient qu’à célébrer un geste courageux, certes, mais
inutile et sans conséquence aucune en ce qui concerne l’essentiel, comme
l’a démontré quelques semaines plus tard le soutien inconditionnel apporté
par le gouvernement de Bush au crime que perpètre le gouvernement
israélien en territoire palestinien, crime qui est soutenu également – que
l’on me pardonne d’ôter ses illusions à quiconque avait allumé un cierge
au pied de la photo de Barack Obama – par le successeur de Bush.

Et tandis que le coup raté en Irak hérite d’applaudissements,
l’insurrection à Gaza ne suscite qu’inquiétude et préoccupation : "On
court le risque, nous prévient-on en guise d’exorcisme, que la rébellion
en Grèce s’étende au reste de l’Europe."

Nous avons déjà pu entendre et lire tout ce qui nous a été communiqué par
la jeunesse rebelle grecque sur sa lutte et sur ce à quoi elle s’affronte.
Nous avons pareillement entendu et lu ce que disent ceux qui se préparent
à résister en Italie à la force du gouvernement. De même pour la lutte
quotidienne de nos compañeras et compañeros au nord du Nord.

Face à cela, en haut, tout le monde sort son dictionnaire pour y trouver
le mot "violence" et l’opposer à "institutionnel". Après quoi, sans y
donner de contexte, c’est-à-dire sans parler de classe sociale, les mêmes
accusent, jugent et condamnent.

Ils nous disent que la jeunesse grecque qui met le feu aux poudres dans la
péninsule hellénique est violente. Évidemment, on préfère oublier,
mutiler, effacer le fait que la police y a assassiné un jeune.

Au Mexique, dans la géographie tracée par la ville du même nom, Mexico, un
gouvernement de la gauche institutionnelle a assassiné un groupe de
jeunes, des adolescents pour la plupart. Une partie de l’intelligentsia
progressiste a conservé un silence complice sous prétexte que cela ne
ferait que distraire l’attention du public, que l’on disait concentrée sur
le cirque carnavalesque orchestré autour de la prétendue défense du
pétrole mexicain. L’agression sexuelle commise ensuite sur des jeunes
femmes dans les cellules de la police a été couverte par les grands
renforts de tambours et trompettes annonçant une consultation qui a été un
échec cuisant. En revanche, aucune condamnation de la violence d’une
police qui, contrairement à ce que l’on a dit, n’a pas agi
inconsidérément. Cette police a été préparée depuis des années pour
réprimer, pour harceler et pour abuser des jeunes, des vendeurs ambulants,
des travailleurs et des travailleuses du sexe, des habitants de cités et
quiconque conteste le gouvernement des patinoires, des mégaspectacles
style Fujimori et des recettes de biscuits. N’oublions pas que la doctrine
qui sous-tend les agissements de cette police a été importée à Mexico par
l’actuel président mexicain “légitime” quand il était au pouvoir dans le
DF.

À Mexico comme en Grèce, les gouvernements assassinent des jeunes.

La paire gouvernementale USA-Israël montre aujourd’hui à Gaza la marche à
suivre : il est plus efficace de tuer les habitants quand ils ne sont
encore que des enfants.

Auparavant déjà, au Mexique, il y a dix ans selon le calendrier actuel, de
jeunes étudiants de l’UNAM ont déclenché un mouvement qui désespérait la
gauche bien-pensante, une gauche hystérique, comme aujourd’hui, qui les a
furieusement calomniés et discrédités. À l’époque aussi, on a dit que
c’était un mouvement violent qui ne visait qu’à distraire l’attention de
la grise campagne électorale du gris candidat à la présidence du gris
Parti de la révolution démocratique. Dix ans plus tard, aujourd’hui, il
convient de rappeler que l’UNAM continue d’être une université publique et
gratuite grâce aux efforts acharnés de ces femmes et de ces hommes, de ces
jeunes que nous saluons en ce jour.

Cependant, dans notre douloureux Mexique, ceux qui méritent la palme en
matière d’us et abus de la tergiversation du terme “violence”, ce sont
Felipe Calderón Hinojosa et les médias qui l’accompagnent (toujours moins,
d’ailleurs). Dans son immense sagesse, monsieur Calderón, amateur des jeux
de stratégie en temps réel sur ordinateur (son jeu favori, a-t-il déclaré
un jour, est "Age of Empires", "L’Époque des empires"), a décidé qu’au
lieu de pain et de jeux, le peuple devait recevoir du sang. Étant donné
que les hommes politiques professionnels se chargent du cirque et que le
pain est une denrée très chère, Calderón, s’appuyant sur un camp de
narcotrafiquants, a décidé de faire la guerre à l’autre camp. Violant la
Constitution, il a dépêché l’armée pour assurer le labeur de la police, du
ministère public, des tribunaux, des gardiens de prison et des bourreaux.
Le fait qu’il est en train de perdre cette guerre, personne ne l’ignore
sauf les membres de son cabinet ; et le fait que la mort de sa compagne
sentimentale a été un assassinat, on le sait aussi sans que cela ait
besoin d’être publié dans les journaux.

Et dans leur guerre, les forces du cabinet de Calderón ont à leur actif
l’assassinat de bon nombre de personnes qui ne devaient rien à personne,
d’enfants et de bébés qui n’ont pas encore vu le jour.

Avec Calderón à la barre, le gouvernement du Mexique se tient un pas en
avant de celui des États-Unis et d’Israël : lui, il les tue dès qu’ils
sont dans le ventre maternel.

On a dit, pourtant, et les éditorialistes et animateurs de radios le
répètent encore, que l’on allait employer la force de l’État pour
combattre la violence du crime organisé.

Or il est de plus en plus évident que le crime organisé c’est celui qui
dirige la force de l’État.

Mais peut-être ne s’agit-il que d’un intelligent stratagème de Calderón,
dont l’objectif est de distraire l’attention. Il se peut en effet que le
public, occupé comme il l’est par l’échec sanglant de la guerre contre le
narcotrafic, ne se rende pas compte de l’échec cuisant de son cabinet en
matière de politique économique.

Revenons cependant à la condamnation de la violence qui est faite en haut.

On opère une transformation fallacieuse, une fausse tautologie : en haut,
on prétend condamner la violence, mais en fait on condamne l’action.

Pour ceux d’en haut, la contestation est un mal saisonnier du calendrier
ou, quand c’est jusqu’au calendrier qui est remis en question, une
pathologie cérébrale que l’on soigne, selon certains, à force d’une grande
concentration mentale, en se mettant en harmonie avec l’univers, comme ça
tout le monde est un être humain… ou un citoyen.

Pour ces violents pacifistes, tout le monde est un être humain. La jeune
Grecque qui lève une main brandissant un cocktail Molotov est humaine,
comme l’est le policier qui assassine tous les Alexis qui ont existé et
existeront dans le monde ; l’enfant palestinien qui pleure à l’enterrement
de ses frères tués par les bombes israéliennes est humain, comme l’est le
pilote du chasseur bombardier au fuselage arborant l’étoile de David ;
monsieur George W. Bush est humain, comme l’est le sans-papiers assassiné
par la Border Patrol dans l’Arizona, USA ; le multimillionnaire Carlos
Slim est humain, comme l’est la salariée d’un magasin Sanborns qui met
trois ou quatre heures pour aller au travail et en repartir et qui est
foutue à la porte si elle arrive en retard ; monsieur Calderón, qui se
prétend chef de l’exécutif fédéral mexicain, est humain, comme l’est le
paysan dépossédé de ses terres ; monsieur López Obrador est humain, comme
le sont les indigènes assassinés au Chiapas, qu’il n’a jamais vus ni
entendus ; monsieur Peña Nieto, prédateur de l’État de Mexico, est humain,
comme l’est le paysan Ignacio del Valle, membre du FPDT, emprisonné pour
avoir défendu les pauvres ; bref, les hommes et les femmes qui possèdent
richesses et pouvoir sont humains, comme le sont les femmes et les hommes
qui n’ont rien d’autre que leur digne rage.

Avec tout ça, en haut, ils n’hésitent pas à demander et à exiger "qu’on
dise non à la violence, d’où qu’elle vienne". "D’où qu’elle vienne", oui,
mais en prenant bien soin d’insister lourdement sur la violence qui vient
d’en bas.

Selon eux, tous et toutes doivent vivre en harmonie afin de résoudre leurs
différences et leurs contradictions et pouvoir crier le slogan "Le peuple
armé aussi est exploité", en parlant des soldats et des policiers,
s’entend.

Notre position en tant que zapatistes est claire : nous ne soutenons pas
le pacifisme brandi comme un étendard pour que ce soit quelqu’un d’autre
qui tende la joue, pas plus que nous ne voulons d’une violence encouragée
quand ce sont les autres qui fournissent les morts.

Nous sommes ce que nous sommes, avec tout ce qu’il y a de bon et de
mauvais en nous et qui constitue notre responsabilité.

Il serait cependant naïf de penser que tout ce que nous avons réussi à
faire de bon, y compris le privilège de pouvoir vous écouter et apprendre
de vous, aurait été possible sans une décennie entière de préparation pour
que voie le jour notre 1er Janvier comme il l’a fait il y a maintenant
quinze ans.

Ce n’est ni avec une manifestation ni avec un manifeste des soussignés que
nous nous sommes fait connaître. C’est avec une armée en armes, avec des
combats contre les forces fédérales mexicaines et avec une résistance
armée que nous nous sommes fait connaître au monde.

Nos compañeros et compañeras tués, morts ou disparus, l’ont été dans une
guerre violente qui n’a pas commencé il y a quinze ans mais il y a cinq
cents ans, deux cents ans, cent ans.

Je ne suis pas en train de faire l’apologie de la violence, je signale un
fait vérifiable : en guerre vous nous avez connus, en guerre nous nous
sommes maintenus ces quinze dernières années, en guerre nous continuerons
jusqu’à ce que cette petit partie du monde appelée le Mexique prenne en
main son destin, sans pièges, sans supplantations, sans simulacres.

Le Pouvoir a dans la violence un instrument pour assurer sa domination,
mais il en a d’autres dans l’art et la culture, dans la connaissance, dans
l’information, dans le système assurant la justice, dans l’éducation, dans
la politique institutionnelle et, bien entendu, dans l’économie.

Toute lutte, tout mouvement, dans le cadre de sa propre géographie et de
son propre calendrier, doit recourir à diverses manières de lutter. La
violence n’est pas la seule et probablement pas la meilleure, mais c’est
l’une d’entre elles.

Affronter le canon de fusils avec des fleurs est un beau geste, à tel
point que des clichés photographiques sont là pour le graver dans la
postérité. Mais il est parfois nécessaire de faire que ces fusils changent
de direction et soient pointés vers l’en haut.

L’accusateur et l’accusé

On nous accuse de beaucoup de choses. Nous sommes probablement coupables
de certaines d’entre elles, mais pour l’heure je voudrais m’arrêter sur
une de ces choses :

Nous n’avons pas remis l’horloge du temps à l’heure de ce 1er janvier-là,
pas plus que nous n’en avons fait une fête nostalgique célébrant une
défaite, comme l’ont fait avec 1968 certains et certaines appartenant à la
génération concernée dans le monde entier, comme on l’a fait au Mexique
avec 1988 et même, aujourd’hui, avec 2006. Je reviendrais par la suite sur
ce culte maladif des calendriers truqués.

Nous n’avons pas non plus reconstruit l’histoire en signalant que nous
sommes ou que nous avons été les seuls ou les meilleurs ou les deux à la
fois (ce que fait cette hystérie collective qu’est le mouvement
“lopezobradoriste”, mais je reviendrai aussi là-dessus).

Il y a eu et il y a des gens qui nous critiquent pour ne pas être passés à
la realpolitik en profitant de ce que nos actions en politique,
c’est-à-dire notre taux d’audience médiatique, garantissait un bon prix
pour notre dignité sur le marché des options électorales (et non
politiques).

Concrètement, ces gens-là nous accusent de ne pas avoir succombé à la
séduction du pouvoir, cette même séduction qui a fait que des gens de
gauche très brillants disent et fassent certaines choses qui feraient
honte à n’importe qui.

Ils nous accusent aussi de "déviance ultra" ou de "radicalisme" parce que
dans la Sixième Déclaration nous nommons le système capitaliste comme
cause des principaux maux dont souffre l’humanité. Ils n’insistent plus
trop là-dessus aujourd’hui, parce que même les porte-parole du capital
financier de Wall Street le disent.

Au fait, maintenant que tout le monde parle et rabâche sur la crise
mondiale, on devrait peut-être se rappeler qu’il y a treize ans, en 1996,
elle avait été annoncée par un scarabée digne et enragé. En effet, Don
Durito de La Lacandona, dans l’exposé le plus bref qu’il m’ait été donné
d’écouter dans ma courte vie, disait : "Le problème avec la globalisation,
c’est qu’au bout d’un moment les globes éclatent."

Ils nous accusent de ne pas nous restreindre à la survie qu’au prix de
sacrifices et avec l’aide de ceux d’en bas dans les recoins de cette
planète nous avons construite sur ces terres indiennes et de ne pas nous
enfermer dans ce que les esprits lucides (c’est le nom qu’ils se donnent)
appellent "le laboratoire zapatiste" ou "la commune de La Lacandone".

Ils nous accusent d’être sortis, plus d’une fois, pour affronter le
Pouvoir et rechercher d’autres femmes, d’autres hommes, vous autres, qui
s’y affrontent sans fausses consolations ou conformismes.

Ils nous accusent d’avoir survécu.

Non, ils ne parlent pas de notre résistance qui nous permet de dire,
quinze ans plus tard, que nous poursuivons notre lutte, et non pas
seulement que nous sommes toujours en vie.

Ce qui les dérange, c’est que nous ayons survécu en tant qu’autre
référence de lutte, de réflexion critique, d’éthique politique.

Ils nous accusent, qui l’eût cru, de ne pas nous être rendus, de ne pas
nous être vendus, de ne pas avoir dévié en chemin.

Ils nous accusent, en somme, d’être des zapatistes de l’Armée zapatiste de
libération nationale.

Aujourd’hui, cinq cent quinze ans plus tard, deux cents ans plus tard,
cent ans plus tard, vingt-cinq ans plus tard, quinze ans plus tard, cinq
ans plus tard, trois ans plus tard, nous disons : nous sommes coupables.

Et, attendu que c’est la manière des néozapatistes, non seulement nous
l’avouons, mais nous le célébrons.

Nous n’imaginions pas que cela aurait pu faire mal aux gencives à certains
qui là-haut simulent le progressisme ou revêtent les habits d’une gauche
d’un jaune délavé ou sans couleur, mais nous le dirons :

L’EZLN vit, vive l’EZLN !

Merci beaucoup.

Sous-commandant insurgé Marcos.
Mexique, le 2 janvier 2009.

P.-S. : Sept contes pour Personne.

Conte 1 : Ça s’est passé comme ça…

Nous avons entendu le lieutenant-colonel insurgé Moisés me présenter comme
membre de l’enfance zapatiste. Qui sait, c’est peut-être par défi envers
le calendrier que les zapatistes en viennent à prendre de l’âge à
l’envers, de sorte qu’au lieu des cinq cent dix-sept ans que me donne mon
certificat de naissance, je viens d’avoir cinq ans puis ai entamé mes six
ans, autrement dit j’ai sept ans maintenant. C’est possible. Après tout,
s’il y a bien quelque chose que le zapatisme a démontré, c’est que
beaucoup de choses qui semblaient impossibles deviennent possibles avec de
l’imagination, de l’ingéniosité et de l’audace.

En défense de mon calendrier de l’absurde, je peux affirmer que je partage
avec les petites filles et les petits garçons la phobie des piqûres et un
goût forcené pour les contes et récits.

Il y a quelque temps, devisant avec une compañera de la ville, je lui
parlais de certaines des choses qui se passent par ici. Elle me disait
qu’elle ne me croyait pas. À quoi je lui ai répondu que je la comprenais
parfaitement, et d’ailleurs que c’était pour ça que je les racontais sous
forme de contes sinon personne n’y croirait.

Dans nos montagnes, il se passe des choses que vous trouveriez sans doute
incroyables. Alors, c’est comme ça que je vais vous les raconter, comme si
c’était des contes.

Parce qu’il semble en effet incroyable que dans nos montagnes habite un
scarabée qui joue les chevaliers errants ; qu’il existe une pierre
anticonformiste qui s’entraîne pour devenir nuage ; que le Sup s’acoquine
avec des petits garçons et des petites filles zapatistes pour rédiger une
partie du Programme national de lutte qui interdit strictement la
production, le trafic et la consommation de piqûres ; que le Vieil Antonio
surgissent régulièrement pour venir raconter des histoires que lui ont
enseignées les tout premiers d’entre les dieux, ceux qui ont accouché du
monde ; qu’Elias Contreras, "Commission d’enquête de l’EZLN", était déjà
mort quand il est allé à la ville pour combattre le Mal et le Méchant ;
qu’un homosexuel travailleur sexuel lui sauve paradoxalement la vie,
puisqu’il était déjà mort, par un froid matin de la capitale, et qu’il
s’exprime parfois en argot de skateur ; que la Toñita ait trois
générations et six ans sur le dos et qu’elle débarque sans permission au
Commandement général de l’EZLN ; que la Lune prenne parfois une cuite par
mal d’amour ; que les petits garçons et les petites filles pensent et
agissent comme si le Sup n’était qu’un gamin parmi tant d’autres mais qui
n’a pas abandonné cette tétine bizarre qui émet de la fumée ; que
l’insurgée Erika ait refondu le marxisme avec une tendance franchement
féministe ; que l’autre jour on ait lancé une bombe dans une caserne
zapatiste et que personne ne soit mort ; qu’Ombre le Guerrier ait été
maudit par une Lune rancunière et dépitée, mais qui continue pourtant à
vouloir se perdre ; qu’il y ait un hibou qui, au lieu du grec et du latin,
étudie les catalogues de lingerie féminine ; qu’il existe une petite fille
qui s’appelle Décembre et qui, comme son nom l’indique, est née en
novembre ; ou que Moy sache parfaitement que quand on ne trouve pas le Sup
au Commandement général, il faut aller le chercher tout en haut du
fromager.

Alors, au lieu de discuter sur la véracité d’événements aussi quotidiens
dans nos montagnes, me voilà, moi, un sous-commandant quelconque, et je
vous le raconte comme si c’était un conte.

Il y a quelques instants, nous avons remis à la compañera qui nous a parlé
de la Grèce insurgée un tableau peint par Beatriz Aurora, une compañera de
la ville. Le tableau en question montre avec beaucoup de couleurs la ville
de San Cristóbal de Las Casas, au Chiapas, et dans chaque couleur on
pointe les lieux où travaillent des personnes qui luttent comme nous, mais
sans armes ni passe-montagnes.

On comprendra sans doute mieux la signification d’un tel présent après
avoir entendu ce que je vais vous raconter maintenant.

Il y a quinze ans, nos troupes se sont emparées de sept chefs-lieux :
Altamirano, Chanal, Las Margaritas, Ocosingo, Oxchuc et San Cristóbal de
Las Casas. Les forces gouvernementales qui les gardaient se sont rendues
ou avaient été surprises.

Il est fort possible que ce soit la prise de cette ville où nous sommes
réunis aujourd’hui, San Cristóbal de Las Casas, bastion ladino du racisme,
qui est ce qui nous a fait connaître au monde. Peut-être bien.

Ce que je sais, en tout cas, c’est que c’est la prise d’Altamirano, de Las
Margaritas et d’Ocosingo qui a assuré notre domination sur le territoire
et qui nous a permis de nous emparer des bonnes terres cultivables, de les
reprendre après cent ans de spoliation. La prise des terres a été la base
économique sur laquelle s’est construite l’autonomie zapatiste.

J’ai déjà évoqué ce point il y a un an, mais les personnes qui voudraient
creuser cette question devront faire des recherches dans Internet ou en
dégoter une édition marginale car il semble bien que tout ce qui n’est pas
pour ou contre le mouvement "lopezobradoriste" n’est pas publié.

Parlant d’imagination, d’ingéniosité et d’audace pour rendre possible
l’impossible, les récits que je vais vous narrer ne sont pas des contes et
ne sont pas zapatistes. Mais il se réfère à ce qui s’est passé il y a
quinze ans, à ce qui a ébranlé le monde et, comme on le verra,
l’inframonde des indigènes.

L’un de ces récits provient d’un indigène tsotsil partisan du
gouvernement, l’autre d’un indigène non zapatiste qui survit en vendant
ses produits sur le marché de San Cristóbal. Il s’agit de la traduction en
espagnol d’une traduction en anglais d’une traduction en espagnol de
récits en tsotsil, aussi ce que vous allez entendre est-il un texte très
épuré dans sa rédaction comme dans son vocabulaire.

Traduction par Jan Rus, d’"Indigenous Revolts", de Marián Perez Tzu, pp.
122-128, Grosnor & Ouweneel, Cedia éditeur, Amsterdam, 1996. Repris dans
"Antigua y nueva palabra. Antología de la literatura mesoamericana desde
los tiempos precolombinos hasta el presente", Miguel León-Portilla et Earl
Shorris, avec Sylvia S. Shorris et Ascensión H. de León-Portilla,
pp.732-733, éd. Aguilar, Mexique, octobre 2004.

Alors voilà.

Début janvier : préparatifs et petite visite.

Avant l’invasion de San Cristóbal, tout le monde parlait continuellement
de la manière dont les soldats de la base militaire qui surveillait
l’entrée sud de la ville avaient piégé tous les alentours de leur caserne
et de comment ils avaient disposé des mines pour qu’il ne vienne jamais à
l’idée de personne de les attaquer. Si les pauvres indigènes osaient poser
un problème, disait-on, les soldats en auraient vite fini avec eux sur
place, avant même qu’ils puissent sortir de la forêt. Les officiers de
l’armée (mexicaine) sont passés maîtres dans l’art de tuer, disait-on, et
tout ce qu’ils ont à faire tous les jours, leur seule tâche, c’est
d’apprendre aux nouvelles recrues à tuer. Et comme si tout cela ne
suffisait pas à repousser un groupe de paysans pouilleux, entendait-on
tout le monde raconter, les soldats avaient tout un stock de bombes dans
leur caserne. Et ces bombes ne sont que des bombes spéciales pour tuer des
Indiens !

K’elavil, écoute voir, selon ce que l’on racontait, les soldats avaient
entouré leurs baraquements d’un fil spécial, connecté à une mine tous les
mètres. Si ces maudits Indiens avaient la mauvaise idée de s’approcher un
jour, disait-on, tout ce que les soldats avaient à faire était de se lever
de leurs couchettes et de toucher le fil avec un bout de métal – comme une
boîte de bière en fer blanc, par exemple – et toutes les mines
exploseraient. Pareil si les Indiens essayaient de couper le fil.

Bien entendu, les soldats ont la réputation de ne jamais dormir, aussi les
Indiens ne pourraient-ils même pas s’approcher des mines. Les soldats
s’imaginaient tout simplement que personne ne serait capable de
s’approcher de leur ligne de mines. Pourtant, en dépit de tous ces
préparatifs, qu’est-ce qui est arrivé ? Le 1er janvier (1994), les soldats
étaient bel et bien réveillés quand les zapatistes sont entrés dans San
Cristóbal ! Oui, mais ils ronflaient ! Ils n’ont pas vu les zapatistes
passer les postes de contrôle avec tous les autres passagers dans des
autobus de deuxième classe, de simples camions. Ils n’ont pas vu les
zapatistes descendre des camions à la gare routière et marcher sur le
centre-ville. Ils n’ont rien vu ! Et quand les soldats se sont réveillés,
les zapatistes avaient déjà encerclé le siège du gouvernement et avaient
déjà placé leurs propres sentinelles tout autour de la ville ! Au bout du
compte, c’est l’armée qui est restée enfermée au dehors de la ville,
coincée dans ses baraquements ! Les zapatistes ont été victorieux en les
ignorant, tout simplement ! Ce n’est que le lendemain, quand ils en ont eu
terminé avec ce qu’ils avaient à faire en ville, que les zapatistes sont
allés rendre une petite visite aux soldats !

Les zapatistes ne sont que des indigènes, mais ce que les officiers de
l’armée ont oublié c’est que les Indiens sont aussi des êtres humains. Et
comme ce sont des êtres humains, ils pouvaient eux aussi être armés et
entraînés comme des soldats. Tout ce dont ils avaient besoin c’est d’avoir
une idée. Et quand ils ont eu une idée, le développement de leur pensée a
été supérieur à celle de l’armée ! Ils ont humilié des officiers passés
maîtres dans l’art de tuer ! Depuis ce jour-là, nous tous les indigènes,
même ceux qui comme moi ne sont pas les ennemis du gouvernement, nous
ressentons une sorte de rire nous démanger la gorge.

S’il y a bien quelque chose de triste dans tout ça, c’est que, bien qu’ils
soient des être humains, à partir de là les zapatistes ont été obligés de
vivre en ce cachant, jusqu’à aujourd’hui. Ils ne peuvent pas dormir dans
leurs propres lits, ils ne peuvent pas vivre dans leurs foyers, ils
doivent restés tapis dans des grottes dans la forêt. Même quand ils
veulent voir des enfants, comme tout le monde, ils doivent avoir des
relations dans les grottes. Comme les tatous !

Fin du premier récit.

Et puisque nous parlons de calendriers d’en haut et d’en bas, rappelons
que quinze ans ont passé aussi depuis l’entrée en vigueur de l’Alena.
Alors, voici quelque chose sur les Accords de libre-échange…

Fin juin (janvier) : vers un marché libre.

Pendant plus ou moins les deux premières semaines du siège de San
Cristóbal, aucun fonctionnaire ladino ne s’est laissé voir en public, pas
plus que des policiers, pas même un agent de la circulation ou un
collecteur de taxes du marché. Pas un seul. Ils avaient tous disparu ! Ils
avaient tellement peur des zapatistes qu’ils se sont terrés. Mais dès
l’instant où ils ont été sûrs que l’armée zapatiste s’était retirée et
qu’elle ne reviendrait pas, alors là, paf, aussitôt les agents de la
circulation ont refait surface et ôté les plaques des véhicules, la police
municipale a recommencé à cogner sur les ivrognes et les collecteurs
d’impôts à courser les pauvres femmes qui essayaient de vendre leurs
tomates et leurs citrons au coin des rues. Subitement, quand les
zapatistes sont partis, ils ont cessé d’avoir peur. Mais tout le temps que
les zapatistes étaient ici, ils sont restés tapis chez eux dans leurs
chambres, tous les rideaux fermés, tremblant de peur. Ils n’arrivaient
même pas à coucher avec leur femme tellement ils avaient la trouille.

Vous vous rendez compte de ce que ça veut dire ? Qu’ils avaient peur des
indigènes ! Parce que c’est ce que sont les zapatistes, des indigènes.
Quand nous, les autres indigènes, nous nous en sommes rendu compte, nous
nous sommes tout de suite sentis plus forts. Forts comme les zapatistes.
Les métis de San Cristóbal nous avaient toujours méprisés, rien que parce
que nous ne parlions pas correctement l’espagnol. Mais maintenant, tout
avait commencé à changer.

Pour vous donner un exemple, à la mi-janvier, quand les fonctionnaires
restaient encore cachés chez eux, les indigènes qui vendaient du charbon
de bois se sont réunis et ont constitué l’organisation zapatiste de
vendeurs de charbon de bois. Après, sans demander la permission à
personne, ils ont quitté le terrain vague où on les avait toujours obligés
à rester auparavant pour s’installer dans la rue exactement à côté du
marché municipal.

Le charbon de bois, c’est particulièrement sale. Ça couvre tout ce qui est
autour d’une poussière noire. C’est pour ça que les employés du marché les
avaient toujours maintenus à l’écart de la section du marché que
fréquentaient "les gens décents" et les touristes. Mais comme il n’y avait
plus personne pour les en empêcher, les vendeurs de charbon de bois ont
enfin pu être à côté de tous les autres.

Il y avait aussi beaucoup d’autres indigènes qui étaient toujours relégués
loin du marché. Quand ils ont vu que les vendeurs de charbon de bois
avaient changé d’endroit sans demander l’autorisation de personne, ils ont
commencé à venir demander si eux aussi pouvaient le faire. Sapristi !
Rapidement, il y a eu deux cents personnes assises alignées en rangs bien
ordonnés qui vendaient leurs légumes, leurs fruits et leur charbon de
bois, sur le parking où auparavant les riches garaient leurs véhicules !
Le premier jour où elles se sont installées, le dirigeant des vendeurs de
charbon de bois les a haranguées. "Frères et sœurs, s’est-il exclamé, ne
craignez rien ! Nous sommes nombreux à vendre ici, dans cette rue.
Permettons à tous ceux qui ont toujours été forcés de vendre plus loin, au
pied des camions, à tous ceux qui ont toujours été rejetés loin du marché,
de venir s’installer ici, au centre-ville, avec nous. Permettons-leur de
venir occuper un emplacement dans les rangs que nous avons formés et nous
verrons bien si les fonctionnaires du marché osent dire quoi que ce soit !
Je n’ai qu’une chose à dire à tous ceux qui viendront nous rejoindre : je
ne veux pas entendre quelqu’un parler de peur ! Si nous restons unis et
fermes, nous n’avons rien à craindre !" Sur quoi tous les vendeurs
indigènes se sont levés d’un bond, lui répondant joyeusement "Nous sommes
avec toi !"

Ce qui fait que tôt tous les matins, tous ces gens venaient s’installer en
rangs bien ordonnés et étendaient soigneusement leurs marchandises par
terre.

Arriva finalement le jour où l’administrateur du marché est revenu. Comme
c’était le chef responsable du marché et de toutes les rues avoisinantes,
il s’est planté devant le premier vendeur de charbon de bois qu’il a
trouvé et lui a demandé qui l’avait autorisé à venir vendre ici. "Personne
n’a à nous donner d’autorisation puisque nous appartenons à une
organisation, lui a rétorqué le vendeur." L’autre a hurlé : "De quelle
putain d’organisation tu parles ? Enlève-moi toute cette merde de là et
fous le camp avant que je m’énerve ! Je ne veux pas entendre un mot de
plus de qui que ce soit, bande de trouillards. Tu vas obéir, fils de
pute ?"

Mamma mia, il était vraiment hors de lui ! Après un instant, le vendeur
lui a répondu avec fermeté : "Non, nous ne bougerons pas d’ici, nous
sommes pauvres et humbles et nous avons besoin de vendre pour pouvoir
manger." Alors, le dirigeant des vendeurs de charbon de bois a pris la
parole, s’adressant calmement au responsable du marché : "Tu te montres
bien courageux, aujourd’hui, mais quand les zapatistes étaient là, tu n’as
pas dit un mot parce que tu t’es caché sous les jupes de ta femme. Tu n’as
rien osé dire jusqu’à maintenant. C’est qui, alors, le trouillard ? Il
vaudrait peut-être mieux pour toi que tu la fermes, parce que si tu
n’arrêtes pas de jacasser on s’arrangera pour que le chef des zapatistes
sache comment tu t’appelles et nous lui ferons savoir le genre d’homme que
tu es. Tu gagneras peut-être aujourd’hui, mais tu ferais bien de penser à
ce que ça va te coûter plus tard !"

Boudiou ! Jamais auparavant un Indien n’avait parlé de cette façon à
l’administrateur ! Il a commencé à trembler, va-t-en savoir si c’était de
peur ou de rage, et puis il a fait volte-face et a disparu sans un mot,
entraînant avec lui tous ses collecteur de taxes.

Les choses en sont restées là jusqu’à début mars. Grâce aux zapatistes,
les Indiens sont en train d’apprendre à redresser la tête…

Merci beaucoup et à demain.

Sous-commandant insurgé Marcos.
Mexique, le 2 janvier 2009.


--
Traduit par Ángel Caído.
Diffusé par le Comité de solidarité avec les peuples du Chiapas en lutte
(CSPCL, Paris) - 33, rue des Vignoles - 75020 Paris - France
assemblée (hebdomadaire et ouverte) le mercredi à partir de 20 h 30
http://cspcl.ouvaton.org
cspcl@altern.org

samedi 3 janvier 2009

Communiqué du CCRI-CG de l'Armée zapatiste de libération nationale


Communiqué du CCRI-CG de l'Armée zapatiste de libération nationale,
après quinze ans de son soulèvement armé.


(Transcription du message lu en espagnol par le commandant David et en
tzotzil par le commandant Javier.)

Les zapatistes, les peuples indigènes qui se sont proposés de lutter pour
un monde meilleur et plus humain, sont de plus en plus persécutés et
attaqués dans tous les domaines par les mauvais gouvernants de notre pays,
par les puissants et par les partis politiques.

Quinze ans durant, nous avons dû constamment affronter les menaces, le
harcèlement et les persécutions ainsi que les attaques lancées contre nous
par l'armée et les groupes paramilitaires. Le mauvais gouvernement, les
partis politiques et leurs alliés, parmi lesquels il y a même des gens
pauvres, ne cessent de nous attaquer de toutes sortes de manières dans le
but de stopper les progrès de notre lutte et de détruire notre base
sociale, les peuples en résistance.

Quinze ans durant, le mauvais gouvernement a créé, financé et entraîné des
groupes paramilitaires dans toutes les communautés, qui ont pour fonction
de provoquer, de menacer et de diviser nos peuples.

Pour tenter d'affaiblir notre base sociale, le mauvais gouvernement n'a
cessé de distribuer des aumônes à travers ses programmes d'assistance aux
familles affiliées aux partis politiques, dans le but de contenter et de
faire taire les gens pauvres et d'apaiser leur faim.

Le mauvais gouvernement a tenté de convaincre nos bases de soutien en
achetant leur conscience, en leur promettant de meilleures conditions de
vie afin qu'elles oublient leurs morts et leurs justes revendications. Il
y a malheureusement des frères indigènes qui sont tombés dans le piège
tendu par le mauvais gouvernement et qui croient que leurs conditions de
vie vont s'améliorer sans avoir à lutter.

Mais nous les zapatistes, nous n'avons pas pris les armes pour demander
des miettes ou pour que l'on nous traite de mendiants. Nous, nous nous
battons pour une véritable démocratie, une véritable liberté et pour une
véritable justice pour tous. Nous luttons pour le bien de l'humanité et
contre le néolibéralisme. Nous luttons pour un monde plus juste et plus
humain. Pour un monde où aient leur place tous les habitants de notre
planète.

Les mauvais gouvernements, les puissants, eux qui se considèrent seigneurs
et maîtres de tout, s'acharnent à piller les richesses de nos peuples, à
ravager la nature et à détruire l’humanité.

Il est nécessaire et urgent que tous les gens bons et honnêtes de notre
pays et de tous les pays du monde unissent leur parole, leurs luttes, leur
résistance et leur digne rage. Nous avons l'espoir qu'un autre monde est
possible.

C'est pourquoi nous demandons et invitons tous nos frères et sœurs, tous
les compañeros et compañeras du Mexique et du monde à s'organiser et à
s'unir, au sien de leurs communautés, contre un ennemi commun. Il nous
faut cependant chercher la manière et les mécanismes qui permettent d'unir
et de mondialiser nos luttes, nos résistances et notre rébellion.

Ce ne sera possible que si nous nous proposons d'unir nos pas et de lutter
ensemble sans qu'importent les temps et la distance que nous
rencontrerons.

Frères et sœurs, compañeros et compañeras, faisons marcher nos étendards
de lutte, faisons fortes et grandes notre lutte, notre résistance, notre
digne rage et rébellion.

Nous les zapatistes, les peuples originaires de ces terres, nous allons
poursuivre la lutte que nous avons commencée. Nous allons continuer à
résister avec dignité et rébellion aux coups que nous porte le mauvais
gouvernement.

Au long de ces quinze ans pendant lesquels on n'a cessé de nous frapper,
nous avons appris à résister et à survivre, mais nous l'avons fait aussi
parce que nous avons compté avec le soutien et la solidarité de nombreux
frères et sœurs au Mexique et dans le monde.

C'est de cette manière que nous avons commencé à construire nos autonomies
aux différents niveaux, au niveau de la santé, de l'éducation, de la
commercialisation de nos produits et dans l'autogouvernement de nos
peuples.

À force de beaucoup d'efforts et en affrontant de grandes difficultés,
nous avons essayé de faire quelques pas en avant, mais cela ne suffit pas
encore pour résoudre les problèmes et satisfaire les immenses besoins de
nos communautés.

Nos autorités ont tenté de résoudre les problèmes de nos communautés et de
satisfaire certains de leurs nombreux besoins, mais la plus grande partie
de nos besoins n'a toujours pas trouvé de solution. La faim, la misère et
les maladies ne cessent d'augmenter jour après jour.

En dépit de tout cela, nous poursuivons notre lutte parce que nous ne
trahirons pas le sang versé par nos morts qui se sont battus au point de
donner leur vie pour la démocratie, la liberté et la justice. Nous
suivrons l'exemple de nos frères et de nos sœurs et nous resterons fidèles
à notre devise, lutter pour la patrie ou mourir pour la liberté.

Comité clandestin révolutionnaire indigène - Commandement général
de l'Armée zapatiste de libération nationale.

Du Caracol II, Oventic, zone des Altos de Chiapas, Mexique.
Le 1er janvier de l'année 2009.


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Traduit par Ángel Caído.
Diffusé par le Comité de solidarité avec les peuples du Chiapas en lutte
(CSPCL, Paris) - 33, rue des Vignoles - 75020 Paris - France
assemblée (hebdomadaire et ouverte) le mercredi à partir de 20 h 30
http://cspcl.ouvaton.org
cspcl@altern.org
listes d'information : http://listes.samizdat.net/sympa/info/cspcl_l
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