lundi 11 février 2008

Communiqué du FSP



L'appel du WSF (World Social Forum) en date du 26 Janvier 2008 pour une journée d'actions mondiale a été l'occasion fournie pour créer le Forum Social Polynésien et pour constituer un comité pour l'organisation d'un prochain Forum Social en Polynésie.
Les organisations de luttes contre la violence faite aux femmes, de protection de l'environnement, des victimes des essais nucléaires, les organisations syndicales et culturelles du Fenua ont été sollicitées à participer et nous y trouvons en général un écho favorable qui semble indiquer le besoin de fédérer les actions locales et de les relier aux organisations internationales et aux autres mouvements planétaires.
Profitant de la campagne électorale des représentants à l'assemblée territoriale de Polynésie Française, le Forum Social Polynésien a interpellé chacun des leaders des partis politiques locaux sans qu'il y ait eut jusqu'à présent la moindre réponse qui lui ait été communiquée par l'un d'entre eux.
Le FSP constate qu'aucun parti politique polynésien, qu'il soit "autonomiste" ou "indépendantiste", n'émet la moindre critique contre le système économique et social néo-libéral qui génère oppression et injustice, racisme et violence, désastres sociaux et environnementaux.
Seuls quelques membres de l'UPLD ont pris contact avec nous pour aborder le sujet de la décolonisation des territoires de Polynésie Française mais ne semblent pas relier d'évidence la situation de domination coloniale à une critique du système qui l'engendre.
Le FSP constate que les programmes des partis politiques ne sont pas issus des revendications des luttes sociales sur le territoire et que les électeurs, tout en usant de leur droit de vote, assistent sans débattre au spectacle des hommes et femmes politiques qui se sont accaparés la légitimité de les diriger pour le profit de quelques-uns.
Le FSP exprime la nécessité de l'exercice d'une démocratie directe en Polynésie Française en privilégiant la parole des femmes.
Le FSP s'étonne de l'ingèrence outrancière de l'état français dans la campagne électorale que constituent les différentes initiatives de son secrétaire d'état chargé de l'outre-mer.
Le FSP suggère la formation de comités de quartiers autonomes pour débattre des possibilités de réappropriation:
- des espaces de productions agricoles, artisanales, et des lieux de pêche et des moyens de distribution et d'échange;
- des espaces d'éducation et d'organisation communautaire sur le fenua;
- des lieux d'habitation et de vie;
- des espaces culturels et de création;
et mettre sur pied les moyens démocratiques d'une autogestion de ces espaces reconquis pour un développement durable au profit de tous.
Le FSP encourage également la création de réseaux d'informations alternatifs devant le monopole d'un groupe de presse privé sur le territoire.
Le FSP rappelle qu'il n'est affilié à aucun parti politique et n'appartient à aucune obédience religieuse et qu'il s'inscrit dans le "mouvement des mouvements" que constitue le World Social Forum.
Le FSP exprime sa solidarité avec les organisateurs des forums publics fidgiens qui en sont sytématiquement empêchés par des menaces et des intimidations.
Le Forum Social Polynésien est en marche pour une autre Polynésie possible dans un autre monde possible ! Le FSP vous salue !
Ia Orana !

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Ia ora na mystérieux FSP,

Je ne suis pas d'accord sur ton argumentation. Non pas dans ta remise en cause radicale du système capitaliste, qui peut effectivement s'argumenter intelligemment, mais difficilement s'imaginer appliquée unilatéralement depuis la Polynésie, contre le "reste du monde". On connaît les difficultés, et les bras de fer que doivent subir, les états qui souhaitent modifier le cap "mondialisé" (notamment en Amérique du Sud) on imagine mal le Fenua être à la hauteur de ces enjeux, du jour au lendemain.

En outre, tes propositions concernant l'autogestion et la prise en main communautaire semblent pour le moins très en avance sur leur temps (ou totalement farfelues) s'agissant de la société maohi actuelle.
Les rares tentatives de coopératives ont pour le moment été un vrai désastres. Ce qui n'est pas un bon signe pour la mise en place de l'autogestion.
En outre la culture du chef, ici, n'est pas qu'une dimension "importée" et "coloniale".

Enfin, ta critique des partis traditionnels est injuste, à mon sens. Certes l'UPLD à une vocation plus sociale que le Tahoeraa, mais d'autres partis en Polynésie, d'autres sensibilités, militent, et agissent, pour un véritable rééquilibrage de la société, même si elle ne promettent pas le grand soir. Grand soir qui, il me semble, n'est même plus au programme des divers mouvements altermondialistes si peu puissants qu'ils puissent être...

Bref, je peux concevoir la radicalité comme une volonté d'intégrité totale, jusqu'au moment où elle verse dans l'intégrisme.

Dans le monde actuel, la Polynésie ne peut se priver de transports aériens, de contacts avec le reste du monde et vivre en autarcie. Ton programme, appliqué à la lettre, nous y entrainerait. Je trouve assez sain qu'aucun parti ne souhaite s'engager bille en tête dans cette voie.

Mais le Forum Social (avec davantage de nuances que ce que tu exposes) demeure un bon socle (un des très rares) de réflexion, de mobilisation, de détermination.

parahi,
ton pote, Papacrabe

FORUM SOCIAL POLYNESIEN a dit…

Merci de tes commentaires Papacrabe.
Il faut que tu relises attentivement notre communiqué. Le FSP n'y appelle pas au Grand Soir. Le FSP n'est pas un parti politique, et, s'il se mêle de politique, ce n'est pas pour rédiger un programme ni surtout pour accéder au pouvoir mais émettre des propositions d'actions et des suggestions d'objectifs. Tu peux les considérer comme farfelues. Le FSP considère comme farfelue la situation qui règne en Polynésie où une "classe politique" s'est appropriée une gouvernance qui n'est pas exercée pour le profit commun. Est totalement farfelue l'organisation sociale et économique sur le fenua.
De même qu'une critique du système capitaliste serait farfelue si elle s'appuyait sur le nombre de dépôts de bilans des sociétés, il est farfelu de présumer de l'impossibilité de création de coopératives ou d'organisations autogérées sous le prétexte que de rares expériences auraient été un échec ici. Les Polynésiens ne sont pas plus stupides que les indiens du Chiapas...
Que la "culture du chef" ne soit pas qu'une importation coloniale n'empêche pas de lutter contre toute forme de patriarcat...
Le FSP a pour objectif d'être un espace d'expressions et de propositions, et d'être un moyen de fédérer les luttes sur le territoire et les relier aux mouvements internationaux. Pas de lutter contre le reste du monde, mais avec le reste du monde.
Il serait aujourd'hui farfelu d'exprimer sa résignation tandis qu'une autre Polynésie est possible dans un autre monde possible.

Anonyme a dit…

Nous ne nous résignerons pas !